Tänzmachine II, projet né d’une illusion, est un mirage issu d’un jeu de masques et de faux-semblants. À l’origine de l’intrigue un disque fantôme, une compilation de groupes fictifs, abandonnée en 2022. De ce trompeur procédé subsiste un duo bien réel : Léo H. Godot (Ex-Sinaïve, Récréation) à la musique, Marie Lagabbe (Récréation) au chant. Soit, anyway un EP de tout ça émerge, il a pour nom Tänzmachine I. Un seul titre, décliné sur plus de seize minutes. La cithare d’Olivier Stula (Récréation) s’y immisce. La basse de Calvin Keller (Sinaïve) aussi, le track débutant sur une pulsion kraut aérienne mais soutenue qui s’assombrit, retenant de fait l’attention. Les synthés trament, les motifs sont beaux, la magie se dépose. La réitération des plans fait son effet, implanté. Le chant survient, récitant parait-il des adieux, scandant l’effacement des frontières – entre les genres, entre le réel et la fiction, entre les peuples. Thèmes d’intérêt et volutes efficientes s’allient.
On pressent, assez nettement, la montée en intensité. Elle se produit, en une embardée cosmique fulgurante qui ne manque pas la cible. D’une unique création Tänzmachine II, décalé, parvient à séduire. La chanson grésille, lâche des nappes acidifiées. Dans le même temps, ses parures spatiales persistent. Après la montée point la redescente, le dépaysement fut de mise et gageons qu’à l’issue, nul n’en ressort indemne. C’est à mon avis le but recherché, par ailleurs indéniablement atteint: déranger, bousculer (les conventions, l’écoutant aussi), en imposant un format non usuel et audacieux qui sans discontinuer, s’avère attractif et hautement immersif.
©Marie Lagabbe