Bank Myna vient de Paris, voilà son second LP. Il y malaxe post-rock d’intérêt, le fait n’est pas fréquent dans le genre, et doom à la grisante noirceur. Cinq titres le portent, à commencer par le plomb d’un No Ocean Of Thoughts céleste comme enclumé. De suite le bouillon prend, délectable, personnel, tourmenté aussi. Le chant de Maud Harribey type le rendu, dans son féminisme envoûtant. Les atmosphères saisissent, amples et lancinantes. The Shadowed Body, sur près de treize minutes, alterne fracas et rêverie sur le fil. Il est fin, bridé avec à propos. Il breake, dans un geyser au ralenti aux effets certains. Sur les derniers instants la voix hurle, susurre, puis tout prend fin. Magistral. A bout de souffle ou presque, on découvre Bank Myna. Un mysticisme haletant en point, nous tenant en haleine. Avec The Other Faceless Me, long lui aussi, s’étirant avec une grâce parée de dark, élégante, le trip prend -encore- de l’ampleur. Sans imploser, le titre dépose là sa subtilité.
Plus loin Burn All The Edges, doom-drone dirai-je, folk (mais de marge) sur d’autres bords, lacère lourdement. Les quatre franciliens de leur approche font une force, à l’écart de toute autre vision. La fin de la chanson s’emballe, nous faisons alors de même. Nous errons, au gré de territoires inexplorés. L’Implorante, d’un format encore plus poussé, se charge à ce moment de terminer l’offrande. Spatial et, simultanément, obscurément éthéré, il laisse filtrer moults sons addictifs. Il se lézarde, fuzze, pèse de tout son poids et l’expression s’applique aussi au domaine musical. A partager puis redécouvrir, à faire tourner et se propager au plus grand nombre, surtout les avertis, EIMURIA enracine Bank Myna et son fructueux procédé.
©Pierre Sopor Montali