Clip fraichement sorti, opus à venir, approche artistique personnelle et évolutive; MUE se décrit au micro de Will Dum par le biais de Sylvain Jamault (guitariste-chateur)…
1) Comment s’est formé MUE ?
J’ai formé MUE en 2019, après avoir passé un an à composer l’album chez moi. Celui-ci est né de mon envie de me retrouver seul dans la composition, chose que je n’avais jamais expérimentée encore de cette manière. J’ai ensuite recruté chaque musicien.
2) Rencontres, votre premier album, sonnait déjà « chercheur », porteur d’une identité propre déjà affirmée. Qu’est-ce qui vous a permis de façonner ce son si singulier ?
Le parti pris de cet album était de tout écrire sans se soucier des contraintes techniques liées aux instruments. Cela a donné une couleur singulière aux parties instrumentales, notamment en sortant les instrumentistes de leurs zones de confort et des manières de jouer habituelles. A l’écoute, ça se traduit par une certaine singularité dans les mélodies et le choix des rythmes. L’objectif était vraiment de ne pas du tout se limiter et de laisser la musique aller là elle voulait, sans aucune contrainte ni stylistique ni technique.
3) Quel regard portez-vous, maintenant qu’il est « digéré », sur ce premier jet ? Comment a t-il été reçu ?
Cet album a été une formidable aventure de création, cette absence de limites dans l’écriture m’a permis d’expérimenter de manière très vaste la possibilité de faire de la musique sans aucune autre contrainte que celle de mes envies. C’est un luxe à l’heure actuelle, ou on demande aux artistes de sortir des produits rentables immédiatement ce qui est profondément antonymique avec une logique de création autonome et qui puisse aller explorer d’autres univers moins rentables à priori. C’est très important que ce genre d’objet artistique puisse exister. L’album a été très bien reçu, notre univers est singulier et nous permet de poser une identité très forte sur scène ce qui, a priori, marque les esprits
4) Votre esthétique est aussi marquée et personnelle, j’en veux pour preuve le clip de votre single « Labyrinthe » sorti le 13 décembre dernier. Que vous permet l’image, ou l’image et le son mêlés, et que dit ce clip ?
J’ai une écriture musicale assez cinématographique. Toutefois l’image permet de poser un sens de manière plus directe, mais également d’illustrer plus facilement des thématiques aussi complexes que la conséquence émotionnelle des violences subies, l’introspection et le chemin pour se remettre de ces traumas. J’aime infiniment la possibilité de raconter des histoires crues très réelles, avec cette porte vers le fantastique amené par ce personnage de l’oiseau. Une manière pour moi d’amener un peu d’onirisme dans ces thèmes très durs et la manière de les traiter.
5) Venons-en aux textes, à la portée certaine ! Quelle en est la source, imaginez-vous qu’ils puissent impacter l’auditeur jusqu’à alléger son quotidien ?
Alléger son quotidien probablement pas (sourire), j’aime la poésie et le fait qu’elle permette elle aussi d’aborder des sujets complexes avec une certaine forme de distance et de légèreté, une certaine esthétique aussi. Cela permet peut-être à ceux qui reçoivent ces mots de pouvoir projeter des choses personnelles dans cet univers où l’objectif est d’amener la possibilité d’une issue positive et ce, quelle que soit la dureté du thème abordé.
6) Sylvain, dans quelle mesure ton parcours de « hardcoreux » au sein d’ ABKAHN impacte-il MUE ? Que tires-tu, par ailleurs, de ton cheminement antérieur ?
Mon passé de « hardcoreux » a un immense impact sur MUE. J’aime infiniment la dynamique rythmique et la puissance de certains groupe de métal et clairement, mon écriture est complètement imprégnée par cet héritage. J’aime ce côté brut et plug and play que nous avions dans ABKAHN et c’est clairement quelque chose qui sera plus présent dans le deuxième album et qui se remarque déjà dans Labyrinthe. Pour ce qui est de mon cheminement intérieur, je ne pourrais pas le développer ici (rire) mais il me pousse à explorer, toujours. Etre curieux et surtout avoir envie de repousser mes limites, qu’elles soient personnelles ou dans la création et c’est là tout le propos de MUE.
7) Doit-on s’attendre, pour le prochain album en cours d’enregistrement, à une nouvelle » MUE » de votre part ?
Oui, Milendall va être une nouvelle étape dans notre MUE, plus brute, directe. Avec l’expérience de « Rencontres » sur scène nous avons envie de simplifier le propos musical, d’aller chercher l’efficacité scénique. Un retour aux sources plus rock’n’roll, ainsi qu’ une immense envie de prendre et donner énormément de plaisir à jouer cet album sur scène.