Bender j’en ai déjà causé, ils viennent de Marseille mais eux, au moins, ont l’intelligence de ne pas se proclamer « à jamais les premiers ». Ils ont pourtant, derrière eux, une palanquée d’albums bien torchés. Alors ce Surströmming, tu t’en doutes, n’échappe pas à l’excellence, ni à l’extravagance. Capturé dans le sous-sol d’une manufacture ardéchoise, le cellier d’une vieille baraque à Marseille ou encore le garage de maman à Saint Cyr sur Mer, le truc fait défiler les genres et les titres forts. Eastern Coaster bastonne en premier, psyché, 70’s, garage, breaké et valeureux. Naive ne l’est pas moiNs, tringlerie urgente et plutôt démente. Hurlée, fantaisiste et flirtant avec le métal, mais sans en être. Le délire de Bender est extrêmement porteur, Catherine Gide y surfe -mais pas que- avec joliesse. Le panel ne se restreint pas, loin s’en faut. Rondi was hidden on a Pacific island tartine à son tour, en plus les gaillards savent jouer et le bordel me rappelle Primus pour les penchants fusion groovy.
Bender en même temps, les influences, il les a croquées. C’est Bender, qui à toute heure quitte la route et percute le décor. The Booker s’y consacre, indie-folk funky-ska hautement concluant au refrain répété façon psychiatrie. Enfin y’m’ semble. Voilà de la haute voltige, l’auditeur peut se crasher mais Bender de son coté retombe sur ses pieds. Drowning aussi, d’un jet direct sur rock trépidant. A Seillemar y’a plein de pegrous, Bender y siège vaillamment. Ses guitares s’expriment, bien en vue et variées à souhait. Wasting Time, subtil, y dissémine sa douceur grondante. Il dévie toutefois, asséné. Perfect. Bender est doué y’a pas à dire, un peu comme Désiré. Wasteland et ses chœurs bien bellots séduira, vivace.
©Thomas Sanna
Sans faiblir Surströmming tient le bitume, les tours peut-être aussi va t’en savoir c’est peut-être des lascars ces zicos-là. Ah mais nan en fait, sinon ils n’auraient surtout pas torché le délicat Give Peace a Fuck. Pépite. Maximal Powertrip, à ce moment, s’occupe de finir. En envoyant valser son monde, brisant ensuite son allure avec pas mal de dégaine. Il libère un geyser noisy, trouve un terme crié et parachève un disque somme toute bluffant, à la qualité que personne n’aura l’idée saugrenue de discuter.