Sissy Doutsiou est plurielle dans ses arts, de la scène au mot poète elle s’illustre et musicalement, s’exprime sur de l’électro ouverte, vocalement éloquente, parcourant sons, genres et émotions selon un registre étendu. Son Προσβολή Δημoσίας Αιδούς porte un spoken word d’abord enrobé d’une sphère céleste (Νέκταρ), diaphane, aux recoins inquiétants. Αθήνα suit, le pouls haletant. Sombre, lui aussi, quasiment techno mais le terme ne peut le résumer. La patte de Sissy Doutsiou s’imprime, singulière. Ω! Κράτος la reproduit en se parant de formes indus nébuleuses, asseyant l’approche de la dame d’Athènes. Άνευ Ορίων – Άνευ Όρων, en pulsions hip-hop dans la cadence, un tantinet industriel itou, même bruit et verbe loquace, en relief, prend le relais.
©Nick Margiolas
A sa suite Θέλω Να Μάθω Να Σε Αγαπώ, cold-wave à la Motorama sauf qu’ici le spoken-word évidemment règne, crédite encore l’album. Quelques émois plus loin Ηρωϊνη, narratif, dépaysant, file bon train et révèle des atouts fins, enlevés aussi. Ισόβια, alerte également, déblatère et filtre comme bien d’autres des ornements attrayants, minimaux mais de portée maximale, aux guitares rugueuses. Sur plus de six minutes, il embarque son monde. Enfin et s’il le fallait encore le terminal Προσβολή Δημοσίας Αιδούς, en grésillements qu’un chant mutin, écorché et batailleur épaule, s’en vient boucler et sacrer un disque personnel, d’exception, que Sissy Doutsiou surligne d’une vision bien à elle et de textes dans sa langue qui eux aussi valorisent l’ouvrage.