Das Kinn est le projet du le musicien allemand Toben Piel, Ruinenkampf est son premier album. Son vécu considérable (d’abord avec Antitainment (2005-2010), puis avec Charlotte Simon dans Les Trucs, par le biais de son label de cassettes MMODEMM, et aussi en tant que musicien sur diverses scènes de théâtre) permet au Teuton, validé, d’œuvrer efficacement dans un créneau électro-cold aux synthés affolés. Jamais vu, en premier, offre une sorte d’électro symphonique aux vocaux graves, sertie de sonorités célestes. Oneironaut sei wachsam, lui, pousse le rythme et délivre une trame froide sur chants coléreux. Ca prend sans trainer, les gimmicks opèrent efficacement. Ruinenkampf, entre saccades et motifs presque trip-hop, s’illustre à son tour. la folie jugulée de Das Kinn l’emmène aux cimes, Alle rüsten auf et ses bips d’ancien ordi, ses voix à nouveau déraisonnables ondulent entre, derechef, « symphonisme » givré et syncopes tarées.
©Nicola Malkmus
De valeur, Ruinenkampf vaut aussi par sa deuxième moitié. Souterrain, bien nommé, initie un canevas en clair-obscur, cuivré, jazzy et vacillant. Die Ratten se hache, on y retrouve phrasé barge et enrobage glacé. Il s’étend peinard, mais dans le déviant. Tempel des Todes lui fait suite sur des volutes elles aussi au ralenti, réitérées jusqu’à nous rentrer dans le crâne. L’opus est court, certes, mais de tenue constante. Nichts le boucle et ce n’est pas rien, loin s’en faut. L’auditeur y chopera dépaysement, narration prenante et étayage dénudé, réduit à l’essentiel. Le terme s’emphasera, expérimental, ce qui aura pour effet de parfaire ce Ruinenkampf en tous points réussi.