Sorti du North Chicken, recommandable pour sa viande made in boucherie et ses fraiches frites, j’engloutis un Américain dans le Scenic. J’ai trop traîné, rabattu sur le fast-food pour le coup je ne le regrette pas et c’est repu que je marche non pas sur, mais vers la Lune. A mon arrivée la file d’attente, telle une chenille de fin de soirée, s’étend jusqu’à Rivery. J’exagère un peu, billet en poche je grille tout le peuple. Pardon. J’ai assez hâte, je m’excuse poliment et la brièveté de l’attente me sied parfaitement. Pas même de breuvage, les gorgées de Fischer chopée à Noz suffisent. Le public est jeune, je me demande alors pourquoi pour ce jeune musicien hébergé chez Talitres, tant de monde se translate. Je comprendrai tantôt, pour l’heure molto morbidi dont l’appellation m’a fait croire à du sombre étale une électro-pop plaisante. Le synthé préside, la mancelle se lyrise et nous révèle une tenue de scène à saluer. Ses atmosphères, sans se restreindre, dégagent assez de marque pour qu’on s’y love. Quelques volutes animent le registre, le genre louvoie et navigue. Une belle ouverture, en somme, que la prestation de Swan Wisnia.
molto morbidi
Nous sommes bien, le dos pété je tente péniblement d’alléger le mal. L’amphi de l’aprèm, certainement, n’arrangea point mon cas. Mais le cours, Violences Scolaires et Institutionnelle (sans le s, effectivement), fut captivant. Ce fut mon dernier, j’en suis ému et contrarié. Heureusement Feldup arrive, en quintette indie/pop-rock il met fin à mes pensées en demi-teinte. Quelque décalages font le charme du set, par ailleurs moucheté de morceaux attachants aux thématiques dont l’assistance s’abreuve. J’entends des cris, j’ai la tête qui chavire et dodeline. Fatigue et bonheur mariés, je me perds avec délices dans ce Feldup doué. Le midi -je digresse, encore-, dans la rotonde du Campus, j’ai croisé un ex-collègue éduc qui fuyant le métier, retourne tout comme moi en cours. Nous critiquâmes, unanimes, la sphère psy et l’esprit de ce monde du travail vicié. Feldup purge tout ça, il évacue lui aussi et finalement de ses sons nous communions, tirant à la même source d’un ressenti avéré. Il est touchant, sa bassiste véhicule un look fatal et la valeur de ses opus successifs permet un concert de marque. Je saisis, dès lors, le pourquoi de l’enthousiasme de ces jeunes en fiesta cathartique. Je modère, décidément sobre, la prise de clichés.
Feldup
Ce vendredi soir c’est Gasoline, ce jeudi c’est Feldup qui fait le plein. Précoce, il est d’une belle écorce. Le passage « perso » survient, dévoilant sa sensibilité. Touché mais blagueur, habile, il passe le cap. Ses chansons rutilent, jamais futiles. Le flux, dans le parterre des convaincus, gagne en ampleur. Il en suit l’élan, poing levé comme s’il savourait un combat gagné. Le game du soir en tout cas est dans la poche, Feldup n’a rien volé de son succès et à sa cause il rameute, repère des uns, référence des autres. 90’s, early 00’s croisent le fer, Félix et ses complices assurent et (se) rassurent. Il conclut, solo, dans une acoustique intime qu’il singe, dans l’auto-ironie et c’est là un gage d’intelligence qui à l’arrivée lui va bien. Tout ce beau monde salue, les ovations redoublent et entre-temps des rappels sans creux auront parachevé le tout. Au sortir je marche dans Saint Leu, vite car pressé de trier, dans mon antre, les témoignages photographiques d’un live normalement plébiscité par la totalité de la Lune.
Feldup
Photos Will Part en Live, auteur de l’article…