Last Night, c’est un gang de pistoleros expérimentés ayant sévi chez, par exemple, Master Master Wait, Frustration ou encore les Cavaliers, Fix-It ou M-Sixteen. Toujours prompts, donc, à enfiler le bleu de chauffe. Actifs sous cette bannière depuis 2012, ils en arrivent avec ce Negative 384 400 à leur 3ème album…et ça sonne, Simone! En huit titres à la grande gamelle punk remplie au bousin post-punk joué dans la poussière du garage, le clan choisit de nous tirer dessus plutôt que de nous bercer. On affronte, résolu à se faire seringuer. On s’expose, les mecs sont plutôt droits et People’s lies (tu m’étonnes), d’un début synthétique aux légers coup de griffes, évolue vers un assaut que Frustration, tiens, n’aurait pas désapprouvé. Last Night, doté du vécu qui fait la diff’, lâche ses riffs et tempère -un peu-, s’attachant a renforcer une identité perceptible. Color blind, plus syncopé, en dessine les traits avec ardeur et, vocalement, un ton bagarreur. Jérome T. – drums / backing vocals, Yves C. – bass / vocals, Jonathan L. – guitars / synths et Pat D. – guitars / vocals sont venus nous chercher des crosses et gare à nous, ils sont visiblement rompus au combat. Leur son, de plus, est vrai, enregistré à mon humble avis de façon fidèle au live, sans tricher ni surenchérir.
Watch him die, aéré, « poppy » mais alerte, fait briller ses guitares, cajoleuses bien que nerveuses. Le chant ne s’en laisse toujours pas compter, remonté. Post-punk de la meilleure cuvée, émanations gouailleuses bien punk, offrandes mélodiques, refrain à l’unisson; on met tout ça dans la marmite, on tourne le bouton du volume et c’est marre; on obtient là un mets relevé, fort en gueule. Les cuistots développent un savoir-faire qui élève leur disque, une vigueur qui le fait gicler dans tous les sens (Mazes). On arrive là à la moitié du chemin, il s’avère déjà que Last Night, crédible, pourrait briguer une place de choix par chez nous. Peut-être pourrait-il, même, aller botter quelques arrière-trains outre-frontières.
Son Opposition me fait penser à Killing Joke, saccadé et incandescent. Ils y tiennent, à leur opposition; ils l’assènent, lui donnent du poids, la braillent comme un…punk, somme toute -on y revient-, revendiquant son désaccord. Negative 384 400 est leur arme, leur Famas, Viro Major Records leur bunker. Fragile (tu parles..), court et rentre-dedans, ne fait pas de sentiment. On s’y calme un court instant, la basse y incite même à faire la danse du ventre. Puis on repart, flingue au poing, à l’attaque. On croit au repos des troupes quand se pointe You first mais Last Night Trompe le Monde; la vigueur reprend vite ses droits. Le groupe a l’intelligence d’y associer, ça et là, des encarts mélodiques dont l’emploi ne fait que solidifier encore son boulot.
Celui-ci déroule vite, Last fight arrive pour conclure. Il démarre subtilement, cependant la montée en puissance se fait entendre. Cuivrée, elle reste bridée, au bord du précipice. Bien joué. On s’attend à ce qui ne vient finalement pas, ça surprend -c’est là l’une des vertus des bons skeuds- et au bout du compte, on dépose les armes. Last Night a vaincu. Le conflit fut court et agité, mené avec l’aplomb de routards aguerris et investis.