Je ne connaissais que très peu Little Barrie avant la réception de cet album. A l’écoute, je prends conscience de la lacune, estimable, et profite à plein d’un opus entre rock garage, rhythm’n’blues et psychédélisme, qui trouve ses racines dans l’ « antan » tout en se voulant actuel.
Brut et racé, Shadow risque fort de ne pas laisser qu’une ombre dans les écoutilles et, fort de dérapages guitaristiques bien sentis, d’un esprit résolument rock et sans patine superflue, si ce n’est celle de son savoir-faire, impose le respect. Les trois mecs de Nottingham envoient en effet du lourd et dans la lignée de Bonneville, reptilien, sauvage et pourtant si stylé, Barrie Cadogan et ses hommes de main font merveille. Si la six cordes du bonhomme s’impose, le chant, aussi, produit son effet et l’amalgame entre les sources d’influence est parfait. On s’entiche de plages telle la bien nommée Fuzzbomb puis de Sworn in qui suit. Et, à vrai dire, de l’intégralité d’un disque griffu, à la superbe bluesy envoûtante (Stop or die). Très convoités (scènes avec Primal Scream, participation à « 22 dreams » de Paul Weller tandis que Cadogan a lui croisé le fer avec Johnny Marr ou Mark Ronson), les néo londoniens font feu de tout bois et ont la mainmise sur leur registre de prédilection. Pauline, rude, inaugure un second volet sans fautes, on renoue avec un climat bluesy le temps d’It don’t count et rien ne faillit. Le mordant insufflé dans les compositions, allié à une rythmique qui groove autant qu’elle envoie (Realise), amène un surplus d’intérêt, la classe perverse du tout également et il va sans dire qu’on succombe à une telle pépite, relevée évidemment par l’instrument de Cadogan (superbe intervention, encore, sur Eyes were young).
Enfin, Shadow met fin dans une veine plus pop, d’obédience psyché, à l’excellente nouvelle sortie de Little Barrie, incontournable dans le genre qui est le sien.