Annie-Claude Deschênes, déjà croisée au 106 de Rouen (festival No(w) Future, magique!), m’avait alors gratifié d’un regard intense, profond, habité. Elle vivait sa scène, pleinement, dans le refus de se ranger, au sein des excellents Duchess Says. En solo, la Canadienne fait aussi des siennes et après un valeureux album chroniqué par ici, tape des scènes en 45 minutes chrono, environs, où se passent bien des choses. Inlassable, la frontwoman était ce samedi la conviée de Célestine, alors même qu’Amiens accueillait miss Rance. No comment, comme le chantait Gainsbourg. Allez, après le hand et le super match de Maelle avec Salouël j’avale mon rôti et descends vers l’embarcation, histoire d’être bien embarqué. Plaisir du Gain, et fichtre rebelote je me plante encore, Plaisir d’Offrir claque du bon son. Bragolin, Nation Of Language et pour finir…Duchess Says, entre autres trésors sonores; ces deux-là n’écoutent pas du brin, loin s’en faut. Alors Annie-Claude, sur le qui-vive, sort de sa tanière. La déjante s’annonce, LES MANIÈRES DE TABLE vont muer et comment mon commandant!
Annie-Claude Deschênes
D’emblée ça pulse, électro toutes époques et tons cold-wave en prime. Le Bonsound de la Montréalaise fait tourner la tête, virevolter les corps et bientôt, titillera les papilles. Des bains de foule ponctuent la prestation, haute en couleurs, en parfaite communion avec un public conquis. J’ai droit à ma rasade de crème chantilly, ça tombe bien la pomme en guise de dessert avait auparavant, at home, un goût de trop peu. C’est la joie, la libération, le lâcher-prise serti d’une prestance musicale de tous les instants. Le registre est étendu, des fois on dirait Kraftwerk au Batofar avec Risqué. Mais à l’arrivée, c’est la factieuse Annie-Claude Deschênes qui outre le fait de surprendre, de prendre à contre-pied la bienséance que ceux qui en manquent tentent de nous imposer, cuisine sa propre tambouille. Attachante, elle est aussi indispensable. Insubordonné, elle évite de se la donner. Trop vraie, trop modeste pour ça. La Péniche en vibre, sous flux de synthés enlevés qu’un chant pluriel sertit. D’un concert à renverser la table, espiègle et mutin, Annie-Claude Deschênes enjoue l’Amienois(e) et reconnaissante, émue dirait-on même, signe une venue d’autant plus galvanisante que sa durée restreinte en aura, indéniablement, accru la revigorante portée. Excellentissime!
Photos Will Part en Live!, auteur de l’article…