Projet solo de Clément Caillierez, issu des Psychotic Monks, Lila Sober voit l’intéressé s’abreuver à la source du vécu (violences subies à l’enfance, leurs conséquences mais aussi, à l’opposé, entraide, réparation et guérison). Different Drums, par conséquent, est un album de vérité. Pur et souillé, à la fois. Beau, et écorché. Once Again, de sa folk claire mais de fond trouble, l’inaugure. Des cris d’enfants en émanent, innocents. Le chant de Clément, touchant, embellit le tout. Il y a là une marque, une authenticité, un dépouillement qui accroissent la sincérité de l’effort. Affection, teinté d’indus, dissémine lui aussi une splendeur salie, avec soin(s), au gré d’une lenteur immersive. L’expérience est introspective, singulière. Sober, sans excès évidemment, se déploie sur chants d’oiseaux. Fragile, et intense en dépit de sa…sobriété. Ce disque, Lila Sober l’a enregistré dans sa chambre, à Rennes, en 2023-2024. Il fut mis en forme à la Clinique de l’Espérance, en juillet et août 2024. L’espoir point, au détour de ces perles de vie. Sober se craquèle, sans perdre son éclat.
The Different Drum, au décor indus déviant, sème une grisaille dont la voix émerge, songeuse, jusqu’à tramer un canevas prenant. L’écoute attentive, je le sais désormais, fait son effet. La fin du titre se pare de motifs industriels répétés, entêtants, nichés dans le parcours de vie. Alors La Rumeur du Discours Ambiant, électro au pouls lent, ambient, climatique, semble esquisser le jour. Enfin, je crois. Ou plutôt, c’est ce que j’y vois, y entends, veux y entendre. Le chant y point tard, ténu. C’est sur plus de dix minutes que le morceau s’infuse, puis le terme nommé A Propos d’Amour, à la nacre désabusée, clôt dans l’élégance verbale et musicale, un Different Drums magnifique qui forcément, en appelle à l’exploration poussée.

©Cha Clément
