Le duo allemand Yass qui depuis 2016, assène un bruit noise, indus, kraut, techno et que-sais-je encore, revient avec ce Feel Safe trépidant, porteur de huit titres instigués par In The Basement et son castagne façon Killing Joke qui aurait croisé ses débuts et son mitan de parcours. Une gaufrée nourrie, que des motifs techno sertissent alors que les chants virent au sauvage. Parfaitement lancé, l’opus dégomme tout autant quand se présente Got Hurt. Celui-ci galope, allume et voit ses guitares se faire tonnerre. Stylistiquement, Yass navigue et couple les genres. Markus et Frank, légendes undergroud passées chez KURT, TEN VOLT SHOCK ou encore MAULGRUPPE, tracent donc leurs propres sillons. Suit, d’abord brumeux, impose ses secousses noise à la fois spatiales et très physiques. Un peu comme La Jungle, ou les Young Gods dont le disque sort le 13 de ce mois. Les vocaux, virils et rageurs, accompagnent les fréquentes sorties de route de YASS. NoBot évolue d’une amorce céleste à des trames façon Kraftwerk endiablé. Kraut mais pas exclusivement, le titre cartonne.
Sur la deuxième moitié Pulse, urgent, maintient la tension. Sa fulgurance fait la différence, T.I.V. offrant dans la foulée une atmosphère nuageuse que relaie, très vite, un rythme martial et des enrobages à la croisée du brut et du plus modéré. Le procédé est efficace, le résultat largement supérieur à la moyenne. City Lights lacère, va vite, offensif et transgressif. Feel Safe place Yass en haut de l’échiquier, le titre éponyme y allant d’une dernière embardée kraut psychotrope et soniquement déviante, en parfaite conclusion d’une série qui loin de manquer d’impact, en fait preuve tout au long de ses très élevées compositions maison.