BED vient de Berlin, fondé par le bassiste argentin Sol Astolfi et le chanteur chilien Nicolás Astorga en 2021. La guitariste allemande Ema Schiller les a depuis rejoints, donnant de l’ampleur à ce projet musical queer enraciné dans le shoegaze, la dream pop et le post-punk. everything hurts, premier album du trio, instaure des textes tristes et sexuels, tissant des fils à la fois de vulnérabilité et de désir, sur un canevas dreamy-sucré délectable dès le titre inaugural, par ailleurs éponyme. On dirait, de près, My Bloody Valentine et les chants fantomatiques excellent. throat, superbe de délicatesse, grondant malgré tout, suit avec le même pouvoir addictif. 90’s en ligne de mire, rave from Berlin dans le buffet, Bed offre aussi un slut lascif, éthéré, du plus bel effet. Sa songerie fait mouche, bousculée par de doux flux sales. you’re not my real sun, d’abord narratif, ambient, dure peu mais retient l’attention. loser lui fait suite, cold, alerte, magique. De ce disque j’aime tout, même quand burn slow calme le jeu et délivre un climat brumeux, aux notes célestes.
Plus loin se pointe ema is in love, folk et lo-fi. Sans chant mais si beau. heart shaped bed aussi, rythmiquement marqué, délicat, sonique itou. Le sentiment inonde everything hurts, merveilleusement décliné. ride (here to stay) place une embardée shoegaze évidemment dreamy, entre tumulte et susurrations. L’album n’est, de toute façon, que délectation; my hole s’y invite, sans cadence -dans un premier temps- mais avec prestance. Là encore les motifs, splendides, décorent le tout et l’amplifient. nico and sol at home, au bord du drone chuchoté, n’en fait pas moins. Spatial, il titille la psyché. Enfin highway pearl, après des premiers instants sombres mais posés, propose un second volet plus appuyé puis une fin franchement noisy, en conclusion bluffante d’une galette qui ne l’est pas moins.