Dans l’attente de leur nouvel album, fixé au 19 septembre et vivement!, les Rhodaniens de Zëro publient l’EP numérique Nothing Separates où des plages qui ne siègeront pas sur l’opus, souvenirs du long chemin parcouru aux côtés de Virginie Despentes, Béatrice Dalle et Casey, cohabitent avec les singles Boogaloo Swamp et Back on the Hillside. Le premier nommé ouvre ici la marche, kraut vrillé, psychotrope, sonique et spatial tout à la fois. Le chant est sauvage, les nappes obsédantes. On ne peut résister. Back on the Hillside, pas loin du trip-hop, un tantinet funky aussi, s’en vient parfaire la parution. Il fait tripper, il est céleste et ondule avec force classe. Là non plus, on ne peut prétendre à la répulsion. Rien ne nous sépare (Live à la Gaîté Lyrique avec Virginie Despentes, Beatrice Dalle, Casey), à la narration édifiante, pose une troisième banderille que ses onze minutes insinuent jusqu’à ses derniers mots. Verbe d’éloquence réaliste et écrin quasiment post-rock se greffent, mariés.
©Jon Fayard
C’est dans l’impact poussé que se déroule ce Nothing Separates, également valorisé par un Nothing Separates Me / End of the World entre ciel et terre. Il entête, ses notes se réitèrent. Sa fin déferle, imparable, imparée. J’invente des mots, Zëro lui invente des territoires. Il en est maître, à l’heure de les clore se pointe Cellar Song et son climat obscur au genre indéfini. La voix y est subtile, sensible, déviante aussi. On flotte, on décolle sans heurts. Le sombre s’impose, sous le joug de soubresauts brefs. Terminé la terre est quittée, Zëro mérite d’être distingué et c’est avec une impatience aiguisée qu’on s’attelle à guetter sa galette qui je le parie, marquera la sphère rock de nos campagnes de ses nombreuses effluves de choix.
©LynnSK