C’est nanti d’un traitement béton, yeux rouges et allergie en vue, que je pris la direction de Blonde Platine après une halte à la Malle à Disques, dignement reçu par Tom Taup’s qui me fit un prix sur le Strangeways, here we come des Smiths. A l’arrivée au bar-disquaire je tombe sur Adam, qui ensuite ouvrera le bal, et son acolyte Dom. A l’intérieur je « marchande » avec les gars de la vidéo, histoire de ne pas gêner. Bière légère au programme, une seule suffira. Je mate le stand de merch, le bien beau t-shirt avec les dates de tournée me fait de l’œil. Je me cale, aussi avenant que distant. Le tout-Amiens, le bel Amiens est là quêtant la pulsion de vie. Patchwork de professions, certaines très aisées, d’autres bien plus modestes. Bourdieu l’aurait noté. La distinction, perceptible même ici. La tenue, variable. Le liquide consommé, lui aussi, marque la différence et pourtant, avec déférence semble t-il, tout ce beau monde non pas communie, mais se côtoie sans heurts. Adam le Mutant investit la scène, à sa source nous allons tirer. Celle-ci est fructueuse, le registre comme à l’habitude raffiné.
Adam El Mutant
Le Mutant, y fait pas semblant. Il est vrai, sincère dans son jeu comme dans son ressenti. Si je le préfère en groupe, plus dynamique, il n’en reste pas moins que solo et sans faire le beau, il fait dans le joli. On approuve, bien amorcée la soirée promet. Le batteur d’Hachiku se prépare, très au fait de la valeur des Aussies je m’attends à de l’excellent. Anika Ostendorf et ses collègues s’installent; sans plus attendre leur dream-pop indé aux superbes reflets, d’un impact qui force les claps, distribue ses effluves. Ah tiens j’ai fini, hier soir, le « Beck, des palmiers dans l’espace » de Pauline Guedj. Grand merci à Playlist Society, qui régulièrement me gâte mais ce soir il n’est pas le seul tant Hachiku ravit. Aussi fin que mordant, il place des embardées où batterie et guitares donnent, alors que s’empilent les titres forts. Foutrebleu, quelle prestation! L’enchantement total. De gâteries douces, légèrement grinçantes, en morceaux alertes, Hachiku nous drape de sa flanelle, sacrant le choix de prog’ avisé de Blonde Platine. The Joys of Being Pure at Heart, le clin d’œil est évident, sertit une venue mémorable.
Hachiku
De temps à autres le répertoire se sucre, recourt à des passages étoilés. On s’échappe, gobant l’élixir d’un quatuor plus qu’à son affaire. Je suis friand, comme déjà dit, de ces lives courts et d’autant plus marquants, qui de surcroît ne finissent pas tard. Un énergumène entre, on dirait William Reid mais l’ Ecossais, lui, a le mérite de faire dans le discret. J’observe, mazette c’est bellot Blonde Platine! Le soleil y entre, lui aussi convié. A telle heure je ne vois vraiment pas, comblé, pourquoi j’ergoterais. J’ai la tête en fête, le halo de bonheur qu’insinue Hachiku balaye toute forme de tracas. Rock et alt-pop se télescopent, l’alliance des deux a de l’allure et rien, absolument rien ne cloche dans le gig des Australiens. Les attitudes sont complices, on sent un groupe uni et ça rejaillit, bien entendu, sur l’impact de ses gigs. La félicité inonde le bar, une cover tiendra lieu de rappel et c’est à la pelle que les smiles naissent, unis avec les cris. Je renfile la veste, devant moi Mario et sa compagne auront une partie du live esquissé des figures touchantes, ponctuant celui-ci avec humour et amour. Repartant je me hâte, d’une part j’ai faim et d’autre part empressé je suis, ayant dans mon 5D de quoi raviver la mémoire de ce soir de marque. Superbe live.
Hachiku
Photos Will Part en Live!, auteur de l’article…