ZEMENT de Nuremberg, Germany, joue une zik dansante et d’encens, kraut, discoïde, au groove jazzy enlevé. Passagen, sa nouvelle envolée, concocte ainsi huit pièces dont on ne se sépare plus. Move/Procession instaure le trip, alerte, finaud, spatial. Les sons sont à prendre, inspirés. Laissons-nous guider, Zement connait le chemin. Station to Station, funky et exotique, aux basses pulsantes et phases hypnotique, tutoie le parfait. Making a Living (I Don’t Know What I Want, But I Know How to Get It) dépayse lui aussi, cosmique, non sans effet sur la psyché. Ca tombe bien, c’est pour ça qu’on est là. Une feutrine jazz s’invite, sacrément stylée. Journeys to a Beautiful Nowhere, haut perché, propose un lent déroulé. Ses motifs toutefois l’agitent, le sortant de sa torpeur. La réussite, une fois encore, est totale. Passagen est le compagnon de dérive idéal. La fin du titre gronde, en même temps qu’elle désarçonne.
Sur sa deuxième fournée l’opus nous sert Back to My Looping Cave, post-punk, au galop, d’un chant remonté. L’excellence. Un morceau foisonnant, lui aussi au delà du niveau requis. Better (Always Means Worse, for Some), de durée plus étirée, opte d’abord pour le céleste. Il oscille, comme flottant. Brumeux, il s’évapore et marque son monde. Baptised at the Discotheque, entre électro frétillante et pulsions disco soniquement attrayante, de climat dark, s’emballe et se triture. J’approuve ce disque, de haute volée continuelle. Au moment où The Night We Saw the Holy Ghost lui met fin, pétrissant un jazz déviant dont le second volet gagne en ampleur, il n’est plus permis de douter de l’étendue de ce Passagen à explorer sans cesse.