Winspear vient de Grand Rapids, dans le Michigan. Access est son deuxième « long play », après quelques ep’s et titres isolés. On y erre, non sans plaisir, entre une pop à guitares nerveuse (In the meantime), parfois ornée de gimmicks électro, qu’une voie doucereuse porte et qui, sur l’album, parcourt diverses tendances sans trop s’éloigner, toutefois, de la caste pop-rock. Et, d’un autre côté, insertions bruitistes sans excès. Jacob Bullard (vocals, guitar, piano, electric piano, synths, sampling), Jacki Warren (vocals, bass guitar, piano, synths), Brian Voortman (drums, percussion, gang vocals on “Flower”) et Chad Houseman (percussion, organ, vocoder reading on “Attention”) s’y unissent pour tisser, dès le titre éponyme qui ouvre la marche en mariant pop douce et guitares épaisses, une toile pertinente valorisée par neuf morceaux qu’on validera. Il y a du sensitif dans ce disque, des mélodies qui collent aux lèvres et des airs légers qu’on mémorise sans forcer. Attention, dans un format aux confins du posé et de l’enlevé, se gobe ainsi avec plaisir. Major Murphy ne tourneboulera pas le créneau, mais y trouvera sa place sans qu’on cherche à la lui contester. Sur le titre en question, un encart noisy arrive; on prend volontiers.
De temps doux en instants plus « méchants », le cheminement est agréable. Unfazed, d’atours psychés gentillets, l’embellit encore. Les climats créés par les Américains jouent sur les tonalités, opposent leurs penchants, avec agilité. Du délié, on passe à l’offensif et inversement. Pop, rock, folk aussi, psyché donc mais sans qu’une mouvance soit ici réellement reine, Access se montre…Accessible et sincère. Real, en son exact milieu, joue une sorte de folk ombrée, traversée par une guitare rêche mais tenue, avant qu’une attaque noise/rock lourd aux vocaux caressants ne fasse son apparition. On continue, sans planter, à s’appuyer sur des atmosphères soi-disant opposées qu’au final, on rend parfaitement complémentaires. Le parterre de fans appréciera donc, régulièrement disséminés dans l’opus, les quelques assauts bourrus de la bande.
Rainbow, doucereux, reste pour sa part tranquille. Pour le coup, on s’attend à l’éclair, comme à l’habitude. On l’appelle même, mais le ciel reste dégagé. Serein, du moins globalement. Ca passe bien, on a tout de même droit à des accents légèrement plus « secs ». Major Murphy évite le « tout pop » poli et immuable, quand bien même son Tear it apart se la joue folk…avant de s’animer, sans embardées déviantes. Ca n’empêche qu’à l’arrivée, le rendu est notoire. Il se pare de jolies notes, d’envolées bien conçues. Access est un album qui fait du bien, griffe à l’occasion, se pare de ritournelles qui l’avantagent. Flower respire le son indé, dont il évoque le meilleur. Il suinte la pureté. Ses chants s’allient. C’est une sucrerie gentiment obscure, brillante aussi. On arrive là à la fin de la rencontre, sur des terres demeurées paisibles.
Enfin Blind, au moment où l’on commence, tout de même, à regretter les passages orageux, termine tout aussi posément. Le final reste notable; on y entend, malgré sa tendance ouatée, de brèves lézardes souillées. On les aimerait plus fréquentes: néanmoins Access, exempt de titres « défaillants », fait ses preuves de bout en bout et s’avère assez séduisant pour ne pas lasser ses convertis.