Italiens au compteur atteignant avec ce Safe places les 2 albums, The Glad Husbands (une performance à notre époque!) jouent un rock tout en nerfs, bondissant et épileptique, qui flirte avec la noise, le hardcore, et instaure des plans math. Souvent direct et chaotique, il déboule en trio serré avec Out of the storm, saccadé et plutôt leste. Alberto Calandri (bass, guitars), Stefano Ghigliano (drums), et Alberto Cornero (guitars, vocals) ne laissent que peu d’interstices. Le math-rock mâtiné de hardcore de Where do flies go when they die? se veut pourtant tempéré en dépit de ses quelques accalmies, que des montées en puissance viennent dézinguer. Le riffing est dru et ardent (Spare parts), le chant sauvage. Une fois accoutumé, car l’album demande un effort d’assimilation, on prend la mesure des coups de bélier sans concessions des ressortissants de Bene Vagienna.
Ces derniers ne font certes pas dans la dentelle, ni dans la flanelle. Mais dans le créneau qui est le leur, il s’évertuent à rendre une copie notoire. Things that made sens leur permet d’arriver au mitan de leur disque sans faiblir, et sur une note plus apaisée. Tout au moins en apparence car au bout des plages modérées, le ton se durcit. Le contenu est cependant plus alternatif, un peu à l’image de ce qu’ont pu faire les Deftones en un temps, dans un genre différent. On approuvera l’idée, qui fait ventiler le tout.
The jar suit d’ailleurs en prenant une voie identique dans sa teneur, taillée dans une étoffe math-noise éclaircie. On note par ailleurs que Safe places, sur les 9 titres qu’il met en avant, n’en livre aucun de quelconque. Il se livre aussi à quelques accélérations bien senties, telle celle qui anime la dite chanson. Midas, mélodieux, constitue un essai indé magnifique, que les guitares déchirent de pair avec la rythmique. The Glad Husbands ont l’art et la manière de se placer à la croisée des genres sans perdre en cohérence, dans le but de produire un opus personnel. Leur disque me rappelle les bordelais de Sleeppers, eux aussi crédibles en tous points et sur la durée.
Plus loin, Cowards in a raw pèse d’un poids conséquent sur la cuvée des Maris Heureux, avant de prendre la tangente sous l’effet d’une embardée galopante…pour ensuite imposer un break mitigé, entre menace et relative modération. Tout ça ne sonne jamais forcé, Alberto Cornero et consorts maîtrisant leur giclées. Meant to prevall, ante-pénultième morceau de leur album à la pochette voyageuse, se fait math de par ses guitares bavardes mais sans la complexité liée au genre qui, parfois, fait décrocher. La voix éructe, les instruments en prennent fougueusement le relais. L’entente entre ces 3 là est évidente.
Enfin, c’est un Like animals au rythme exotique, post-punk/noise de qualité, qui met un terme de manière massive et groovante à Safe places, réussi et jamais faiblissant. Le tout sous couvert d’une « co-prod » encore une fois de choix, preuve s’il en est que l’union fait la force en termes de matière musicale.