Reflet d’une guerre de Luis Vasquez avec…lui-même, le nouveau The Soft Moon, Criminal, est pour le moins sombre et frontal. Santé mentale, haine de soi et insécurité sont passées au crible et mises en son avec une virulence qui parfois se nuance (Choke), mais qui d’emblée cogne et se montre plus qu’élevée en termes d’impact et de rendu (Burn, à la croisée de The Cure, Joy Division et Nine Inch Nails, pour ouvrir le bal du mal).
Exutoire, purgatoire, désespoir, il n’empêche que Vasquez signe là un opus exceptionnel. Give something, à l’indus obscur et lancinant, fait lui aussi son effet. On revient vite à du direct avec Like a father, sévèrement porté par des séquences électro vivaces et un fond dark, par cette voix colérique au bord de la rupture aussi. Le bien nommé The pain, post-punk bien cold, arrive ensuite et pourrait vite se positionner en standard du genre. On pense au Pornography de The Cure et, plus localement, à notre précieux Jessica 93. Le N.I.N. de Reznor, pour le penchant torturé, indus, constitue bien entendu une influence indéniable.
Mais à travers toutes ces « sources », The Soft Moon bâtit son propre édifice. It kills en est l’illustration, aussi sombrement brillante que le reste de ce Criminal de haute volée. L’alliage entre les courants musicaux concernés est parfait, le discours écorché et sans concession aucune. Ill est…malade, changeant dans ses cadences, bardé de sons tarés. Young suinte une douleur dont naît l’espoir, sonorités gris-noir et climat déchirant sont de mise. D’une retenue perceptible, on passe à une option clairement plus débridée avec Born into this, direct, sauvage. Criminal, titre éponyme, envoyant un dernier jet de mal-être entre susurration et encarts plus soniques, pour un rendu qui fera à mon avis date, porté qu’il est par une souffrance ici diablement efficiente.