Superbe enchainement Greenshape/Frànçois and the Atlas Mountains/Syd Matters à l’Ouvre-Boite de Beauvais…

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Après un superbe concert à la Lune des pirates d’Amiens, Frànçois and the Atlas Mountains ouvrait ce vendredi, avec un Greenshape en version quatuor, cette fois, pour Syd Matters, tête d’affiche du soir.


Greenshape

L’affiche était donc d’importance et le lillois Greenshape, doué d’un folk aussi doux que parfois colérique, expressif et joué avec passion par son groupe, s’est une fois de plus distingué, la formule à quatre donnant du « coffre » à son répertoire qui lui vaut, déjà, d’être signé sur Sober & Gentle (Hey Hey My My, Kid Bombardos…). Pleines de ressentis, ses compositions, touchantes ou plus « offensives », laissent augurer d’un bien beau second album, après l’inaugural Storyteller, et évoquent autant les orfèvres folk tels Nick Drake que la scène de Seatle dans son côté à la fois brut et dépouillé. Une belle entrée en matière donc, avant les géniaux François & the Atlas Mountains.


François and The Atlas Mountains

Et là, malgré un set un peu plus court que la veille, la clique aux musiciens « amovibles » s’est mise une seconde fois en évidence par le biais d’un concert magnifique, intense, d’abord délicat pour ensuite nous embarquer dans des chemins de traverse bien plus belliqueux. Faites de montagnes russes émotionnelles, les prestations de ce groupe précieux, singulier, sont la garantie d’une gifle musicale et créative retentissante, et d’un moment de bonheur mémorable. Alliant le verbal, lettré, et un univers sonore changeant, aussi pop que déviant, qui caresse dans le sens du poil pour ensuite montrer les crocs, Frànçois and the Atlas Mountains instaure une série de loopings stylistiques étourdissants, et un voyage spirituel et sensoriel démentiel, pour à l’arrivée retomber sur ses pieds et enchanter la foule, surprise et conquise.

On en redemande et on regarde, ébahi, les musiciens quitter la scène avec le sentiment, très net, d’un moment à part, dont on emporte jalousement le souvenir avec soi. Une merveille de groupe, attachant, vertueux et addictif.


Syd Matters

Le plaisir est à son comble et Syd Matters va alors le prolonger, en signant à son tour un « gig » qui, si Jonathan Morali est d’abord un artisan pop-folk talentueux à souhait, qui lui permettra ce soir de nous régaler de pièces du genre, fines et chantées à plusieurs, fera lui aussi preuve de caractère en livrant quelques passages soniques, orageux, du plus bel effet. Syd Matters oeuvre depuis dix ans déjà à l’élaboration d’un style certes reconnaissable mais évolutif, qu’il étaye avec soin et minutie, et cela se ressent. On a là à faire à une formation soudée, cohérente, qui dépasse le cadre folk et s’autorise des sorties de route de grande classe, à partir de trois fois rien si ce n’est la passion, une inventivité renversante et ces entrelacs vocaux bluffants. Halalcsillag, par exemple, reflète bien le procédé et, allié aux ouvrages folk du groupe, scintillants ou ombrageux (I might float, splendide), et à quelques autres écarts soniquement enchanteurs, avec la rudesse qui rend le concert plus notoire encore, fait de la prestation de Syd Matters une superbe conclusion. Entre délicatesse du propos, donc, et ouvertures plus nerveuses, expérimentales, sans jamais se départir de la prestance sonique et vocale qui dépeint le groupe.

Soirée enchanteresse donc, la seconde en deux jours sur le territoire picard dédié aux Smacs et autres lieux culturels. Avec, en perspective, d’autres concerts notables, à l’ASCA, et un festival Blues autour du Zinc qui n’a jamais été aussi proche.

Photos William Dumont