Mina May – Everything was beautiful and nothing hurt

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Formé en 2001 à Toulon, Mina May vient avec ce magistral album bousculer le paysage rock français. Après un premier album autoproduit, aujourd’hui représsé, et un EP enregistré au Canada, la clique qu’on qualifiera de psyché, mais selon un panel tellement large et passionnant qu’elle dépasse largement ce cadre, signe donc Everything was beautiful and nothing hurt qui égale facilement les Kill for total peace et autres Turzi sur le plan du psychédélisme barré mâtiné de krautrock, tout en se permettant l’espace d’un morceau de faire la nique aux Black Angels (Not really no).

Possédé, hallucinant et hallucinatoire, l’univers de Mina May envoûte et hypnotise dès l’inaugural The seven spirits, et se laisse porter par des claviers magiquement répétitifs et un rythme kraut obsessionnel, pour parfaire avec New flesh for all un début d’opus de très haut niveau. Une basse entêtante et des motifs sonores géniaux s’unissent et forment des plages prenantes, comme Wisdom city, martial et asséné.
Antoni (basse-claviers-guitare), El Pulpo (batterie), Concertmate (basse-claviers), Flashing Teeth (voix, guitare) et Dr Qx (guitare) s’en donnent à coeur-joie et font dans l’émotion le temps du titre éponyme, moins directement insoumis mais finalement tout aussi déviant. Juste un peu plus « pop », mais pop de façon tordue et génialement dérangeante, ce titre laisse ensuite place à Visitor, sombre, bardé de sons malins et de voix traficotées, orné de claviers spatiaux eux aussi merveilleux.

La bande sudiste frappe fort, très fort, et continue son bonhomme de chemin avec Think twice et ses airs de Hushpuppies déchainés, puis Nails on stainless steel, intense et cosmique, rageur. Au plus fort de son inspiration et de son esprit non-conventionnel, Mina May enchaine ensuite sans faiblir le moins du monde, en envoyant un plus long format plus posé de toute beauté: Rising sun.

Enfin, l’instru After the storm, serein, à peine « tourmenté », puis l’alerte In the turmoil, mené par une rythmique galopante et ces « keyboards » décidément sensationnels et le chant de Flashing Teeth, hanté et parfois très pur, plein d’émotion, viennent porter le coup de grâce. Révélant par là-même un groupe que ce sans-faute place désormais au plus haut de la hiérarchie psyché-kraut hexagonale, doté des qualités nécessaires à aller titiller les pointures d’ici et d’ailleurs.