La pop claire, à la Smiths ou Aline, en louchant vers Daho, ça se boit sans faim. Ou ça se croque jusqu’à plus soif, c’est selon. Surtout quand Supernormal la joue, à trois « et des » et à Bordeaux, dans la rutilance totale, sur ses Chansons du monde englouti. Mais assez parlé, Tous ces secrets n’est plus tu et sa beauté doublé d’un bel allant fait de suite la diff’. Guitares nacrées, textes de vie. Rythme appuyé. Y’a de quoi dodeliner. Dans le vent on danse, dans une Smithserie alerte et magnifiquement mélodique. Il y a là de la passion, de la joyeuseté mélancolique, une immédiateté, un sens du standard de nature à forcer la décision. Edimbourg nous sort de France, folky, touchant. Oh ! Heidi marie les chants, c’est ici une constante, dans l’union superbe. Pop à en chanter, Chansons du monde englouti brille de bout en bout. La peau fine se dépouille, façon coin du feu. Ca tombe bien, l’opus réchauffe. L’électricité revient, au bout du morceau, pour picoter avec grâce. Cap Ferret poste une musicalité audible, finaude mais malgré tout vive. Supernormal s’élève.

Le monde englouti, pop-rock enlevée, reluit. On joue bien, simple mais pensé, et accrocheur à l’extrême. Supernormal feat. Justine – Histoire sans fin, au duel vocal remarqué, lie guitares aiguisées, mots in love et patine sonore. Justine charme, de par sa voix. Idem quand Supernormal feat. Justine – Des rêves éveillés, plus délié, fait valoir sa prestance un tantinet funky. Alors que L’odyssée (sur la route de Tarifa), ou basse ronde et ornement psyché voisinent, dépayse magnifiquement. Chansons du monde englouti, c’est l’assurance d’une félicité pop maximale. Et puis il y a le désir, en fin de parcours et finalement bien avant. Une indolence rock aérienne, douce comme écorchée, qui clôt un album tout bonnement incontournable.
