Edition Deluxe augmentée et remastérisée, disponible pour la toute première fois en vinyle, No Exit ponctue le nouvel élan de Blondie, en 1999 et après 17 ans d’absence. Il est à ce titre décisif, la ressortie a été produite par Tommy Manzi et Steve Rosenthal, avec un mastering et une restauration sonore signés Jessica Thompson. Y sont joints des remixes, des notes de livret inédites et Hot Shot, un titre auparavant uniquement disponible au Japon, désormais accessible au public avec une production et un mixage supplémentaire assurés par David Wrench (David Byrne, The Pretenders, Frank Ocean). Voilà pour le topo, dans le rendu Screaming Skin « relifté » donc, inaugure la série dans un ska-rock à la Blondie et par là-même, dans la largesse de l’éventail déployé. Forgive and Forget (Pull Down the Night), de sa new-wave tubesque, rempile magistralement. J’avais pour ma part omis, ayant depuis emprunté la galette à la médiathèque, sa valeur. Qu’à cela ne tienne, elle m’est ici réofferte. Le mythique Maria, d’un rock poppy rythmé, s’y gare et l’avantage, riffeur. Exit suit dans une forme de majesté aux grosses guitares sur chant rappé signé Coolio & Loud Allstars que Debbie Harry, reine d’entre les reines, accompagne avec brio. Double Take calme ensuite le jeu, doucereux. Nothing Is Real But the Girl renoue avec le rock caractéristique de Blondie, à l’accroche immédiate.

©Rob Roth
Avec Boom Boom in the Zoom Zoom Room, jazzy typé, Blondie maintient le niveau. Il tient son rang, un saxo free de classe vient là décorer le tout. Magnifique. Night Wind Sent s’adonne dans la foulée à un climat encore différent, patiné, plus cadencé. Durablement marquant, No Exit tire profit de sa relecture. Under the Gun (For Jeffrey Lee Pierce) lui réinsuffle du nerf rock, sur new-wave racée. Out In the Streets, dépaysant, orientalisant, fait groover l’ensemble. J’approuve entièrement, à ce moment, l’initiative de réédition. Happy Dog (For Caggy), bluesy et lui aussi attirant, la charpente sans vaciller. Ses guitares se mettent en évidence, à l’occasion d’une incartade de choix. The Dream’s Lost On Me de son canevas presque folk-pop, bien conçu, ne dénotera guère. C’est la régalade, changeante certes mais de haut vol. Divine, à l’orée du reggae mais ça passera tout de même, valide l’ouverture d’esprit de Blondie et sa capacité à tout achever. Dig Up the Conjo, enfin, termine la partie album sur des tons rock qu’on s’empressera de cacheter, chantés à plusieurs et révélant des motifs désarçonnant.
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Bienheureux on attaque alors les relectures, Hot Shot (David Wrench Mix) livrant un inédit jazzy enlevé à la musicalité grisante. Maria (Ether Dub Mix), dub stellaire et alerte, fait lui aussi son effet. Sans affectionner les remixes, quels qu’ils soient, je trouve là de quoi osciller. Et tripper, tout comme je gigote vivement sur Nothing Is Real But the Girl (Boilerhouse Lounge Mix). No Exit feat. Coolio & Loud Allstars (Urban Version Main Mix), lui, joue trip-hop/hip-hop renouvelé, dénué de son ornement d’origine. Ses guitares grincent, j’apprécie. Maria (Talvin Singh Rhythmic Remix Edit) place dans l’élan une techno-trance représentative du panel Blondie, c’est là que je saisis -plus ou moins- l’idée des « revues » appliquées à certains titres. Nothing Is Real But the Girl (Danny Tenaglia Heart Of Trance Mix) le confirme, orchestral puis électro/new-wave. Forgive and Forget (Pull Down the Night) (Ben’s Mix), susurré, porte un groove…électro and many more, encore, sans œillères. Pour clore l’objet, et le sacrer, Maria (White Trash Mix) poste un bazar club dispensable, qui m’enjoint à constater que ce No Exit servi par sa texture sonore d’aujourd’hui se suffit largement à lui-même.

