Entre privilégiés (prix, lieu, qualité du « menu »), éloignés de ceux qui « ne savaient pas » (c’est souvent, pour les absents, l’éternel « argument »), nous échangeons interloqués; que fabrique l’amienois? Pour 80 boules il ira voir JUL, se vautrant le cerveau et tirant vers les tréfonds du plus que bas. Pour 5 ou 7 balles sur Célestine tu le guetteras en vain, mais toi t’es là et cette chance, tu l’as saisie. L’opportunité. De découvrir, d’étendre ton champ, de siéger là où ça triche pas. Bref, il y aurait à dire. Béné connue au lycée, Marianne et son compagnon soignant/bienveillant avec ma poire abondent: le French préfère les cancans. Nous tout ça on s’en fout, c’est sur du Penny Moonshine qu’on danse. Le duo d’ici de son rad blues de marque ouvre la soirée, entre jeu de cordes inspiré et rythme primitif efficient alors que les chants se typent. Qu’allais-tu croire lecteur, à Amiens la valeur -musicale- réside! Penny Moonshine le démontre, de son jeu valable et joliment rétro. On est bien parti, c’est moi qui vous l’dis.


Penny Moonshine
Sans délai poussé Brulaap s’installe, le mec a de l’allure et ses embardées DIY au long cours cartonnent de suite. Il assure tout et tout court; guitare, cadence là encore basique et vocaux fous s’associent, trinquant à la santé d’un blues-roots trashy à la force de frappe impressionnante. Le registre est garage, je dirai même péniche, et totalement jouissif en plus d’être offensif. Et subversif, sous couvert de sens du partage. Entre Petit Vodo, Jon Spencer et un Motörhead à nu pour la vitesse d’exécution, le gaillard de Aalst nous gratifie d’un set haut de gamme(s). Fichtre, je danse mieux assis! C’est tout mon corps, dans cette posture, qui se meut. Un jour j’appendrai, j’ai déjà ma petite idée de qui me transmettra. Vous verrez…bon passons, Brulaap dégonde et sa punkitude le distingue. « Le boucan c’est vous », se plait-il à répéter. Son merch fait de l’œil, il y a entre autres ce superbe bouquin relatant sa tournée des bars…autour de la gare de Aalst.


Brulaap
A la Gare comme à la Gare donc, c’est le nom de l’ouvrage cité, Bruulap décape. Il me fait songer, en termes de dégaine, aux indispensables Powersolo qui eux, viennent d’ Aarhus. Leur leader, fanfaron scénique, assure lui aussi aidé de ses fidèles comparses une déglingue de première bourre. Brulaap sur sa caisse se juche, sinon là j’écoute Steve Tallis et ce bonhomme de par son répertoire véritable persuade, merci Nico Miliani pour la transmission! 63 ans de carrière, ça façonne son homme. Par ici Brulaap rassasie, maestro absolu. On en ressort gagné et derechef l’incompréhension alimente les échanges hors-bord, à l’issue d’une prestation de haute volée. L’élégant destroy fit mouche, pour nos sens la trouvaille fut de taille et pour conclure réveille-toi l’amienois! Il y a sur l’eau et le goudron, sur les planches et l’herbe verte, in your rockin’ city, de quoi te tirer de ton affligeante et infructueuse inertie.


Brulaap
Photos Will Part en Live!, auteur de l’article…
