Album collaboratif entre le groupe de noise rock Chat Pile (groupe composé de Captain Ron, Luther Manhole, Raygun Busch et Stin) et le guitariste-compositeur texan Hayden Pedigo, In The Earth Again pousse chacun à sortir de sa zone de confort. Il dépeint l’abime sociale, musicalement il alterne les tons et fait réellement merveille. Le bref Outside l’ouvre dans une trame folk pure, beau à en fermer les yeux. Demon Time enchaine avec dans sa besace, chant sensible et fond sombre, peaufiné aussi, qui se fissure sans trop de heurts. Là aussi, le résultat surnage. Never Say Die!, histoire de pousser le bouchon, offre lui une noise de marque totale, éructée. Les tonalités y tranchent, au service d’une création commune merveilleuse. Behold A Pale Horse, subtil, d’un éclat une fois encore confondant, souille sa splendeur et de ce fait, n’en est que plus ravissant. La musicalité du tout se fait entendre, remarquable. The Magic Of The World, selon cette fragilité magique propre à l’ensemble, séduit sans délai. On renoue avec le bruit, dans la foulée, quand claque Fission/Fusion et ses voix colériques. Il brise son ire, plus tempéré.

©Bayley Hanes
The Matador, quelques extases plus loin, drone pour ensuite libérer ses assauts noise aussi lestes que plombés, jonchés de trouées « mélodiques » dans le chant. Schizophrène ou presque, In The Earth Again est une perle. I Got My Own Blunt to Smoke l’affuble d’un jeu de guitare à nu, sensitif. Radioactive Dreams, psyché, sonore et quasi shoegaze, tout ça à la fois et mêlé sans se planter, n’attire pas moins. La sortie de route est fructueuse, Inside en dépit d’une brève durée sème par là son hypnotisme aérien sur voix distantes. Enfin A Tear for Lucas, folk sans excès, reluit lui aussi, dans le désarroi semble-t-il, pour border une collaboration d’un niveau bien plus qu’élevé.
