Sextet libanais, SANAM revient avec Sametou Sawtan (“J’ai entendu une voix”), un deuxième album qui entre rock psyché, jazz libre, électronique bruitiste et traditions arabe louvoie bien agréablement. J’y entends, plus que content, huit réalisations dont la première, Harik, mêle chant fou et rock serpentant aux grésillements trippants. Beyrouth est le socle, l’humain la texture. Goblin, évocateur, se déploie entre ampleur du chant et soudaines fissures. Magnifique, fin et voyageur. Un frémissement. Habibon, où la chanteuse Sandy Chamoun séduit encore, dissémine lui aussi une subtilité d’éclat. Il bouillonne sans trop de heurts, merveilleux. Hadikat Al Ams, de son rock trituré, prend la relève sur des tons élégamment belliqueux. A la moitié du disque, déjà, le doute n’est plus permis quant à son immense valeur.
Sur le second volet Hamam, à l’élévation lente, se pare de sons brouillés. Il reluit, sa fin fait du bruit. A la suite se présente Sayl Damei, ondulant, doté d’autant de prestance. SANAM est doué d’âme, paraphe des morceaux impactants et explore l’éloignement – celui de ceux qui partent, et celui que l’on ressent même en restant. Tatayoum, sombre, distille des phases captivantes. Le trip est sans retour. Les sonorités du lointain font mouche, à l’unisson avec des tressautements électro. Enfin Sametou Sawtan, presque à nu, instaure un terme superbe. Sametou Sawtan, vous l’aurez compris, est une galette à acquérir.

