Formé à Leicester au début des années 90, Prolapse trace sa propre route, faite de répétitions et de mélodies tordues, liant des influences allant du post-punk au krautrock en passant par la folk. Ce 5ème album , nommé I Wonder When They’re Going To Destroy Your Face, marque le premier effort studio en 26 ans. Gouailleur et strident, l’opus perfore de suite en s’appuyant sur les riffs-dynamite de The Fall Of Cashline. Cha Cha Cha 2000, ensuite, m’évoque The Fall et croise les chants, l’un d’homme, l’autre de dame. Il s’offre des excès. Dans ses pas se dessine Err On The Side Of Dead, riffu, à deux organes lui aussi. Les réussites se suivent, The Ex à l’écoute surgit dans mes souvenirs. Ghost In The Chair, psyché sonique, se triture et sème sa lave noisy. On The Quarter Days, au mitan du disque, s’amorce vaguement électro, spatial. Il fend les cieux, trippy. Puis il hausse le ton, offensif. Excellent.
Sur l’autre courbe Cacophany No. C, saccadé, maintient la déviance. Il rocke, on y retrouve des vocaux nasillards qui font leur effet. Le brut prévaut, mais pensé, construit, et aussitôt déconstruit. J’aime ça. Jackdaw, fatras noise percutant, nous déferle dessus. Les chants, en perdition, en contrepoint l’un de l’autre, s’y illustrent. Ectoplasm United suit en crissant, l’art du bruit est ici tenu et débridé. Et oui, ça peut coller. Tapage jouissif et motifs décisifs se tirent la bourre, A Forever esquisse une issue folk bellote et de ses atours lo-fi, conclut un album qu’il serait malvenu de taire.

