Initialement sorti en 1972, Cluster II est influencé par Berlin et Hambourg, situé quelque part au milieu des happenings artistiques, de l’indignation musicale et de l’abus de drogues : un mélange urbain. Il ressort cet été en CD/LP, mythique, trippant jusqu’à la perte de soi. On doit sa réapparition à Bureau B, plus que recommandable. Ses six titres s’élèvent dans les cieux, Plas qui le lance impose une trame ambient, grisée et claire-obscure, dont on se drape déjà. Une odyssée troublée, nébuleuse, que relaie ensuite Im Süden et sa lente immersion. Spatial, répété au point de capturer, il offre un second volet sonique. L’expérience vaut le détour, on prend alors pleinement conscience de l’intemporalité de ce genre d’ouvrage. Für die Katz’, de ses loopings étourdissants, chloroforme les sens.

A mi-chemin seulement, sans qu’on puisse ni veuille l’endiguer, l’opus pose son emprise. Sur la deuxième moitié de la galette Live in der Fabrik, de durée poussée, alterne noirceur et relative clarté. Il troue l’azur, élargissant la sensation d’immersion dont l’écoutant s’immole. Georgel lui fait suite, céleste, drogué, hagard et psychotrope de bout en bout. A l’heure où Nabitte ferme la marche, fort de nappes obsédantes, il y a belle lurette que l’auditeur a succombé à ce Cluster II légendaire, pierre angulaire de l’avant-garde et suite de temps forts hautement influents.
