Rencontrés grâce à un ami commun, Christophe Van Huffel, qui les avait invités à un concert hommage qu’il avait organisé pour le regretté Christophe, Craig Walker (Power of Dreams puis Archive) et Marc Hurtado ont de suite fusionné. Humainement, artistiquement. Le travail sur ce Dream Up A Dream s’est bien vite déclenché, nourri par l’alchimie entre les deux hommes. Seize titres ont jailli, ils sont tous captivants et c’est sans résistance que je me laisse happer par la brume et les susurrations de l’inaugural THE GRIN. Céleste et brouillardeux, il chloroforme. USYLESS prend, lui, des teintes à voix alliées, au gré de cette même poussière de vie. D’entrée de jeu les ambiances, prenantes, font leur effet. Cosmique et sonore, l’union des deux hommes ne fait que débuter. ORDER ORDER ORDER la fait chuchoter, dans un canevas électro-indus hanté. L’ Autre Monde se dessine, en marge de celui que l’on subit ou alors, pour l’illustrer. LOVE IS LOVE IS LOVE, tel Suicide ayant trouvé l’apaisement, s’élève joliment. FACTORY le suit, de ses bruits spatiaux. A nouveau on est gagné, les voix comme distantes surlignant des climats troublants. CHELSEA, électro-pop habitée, narre avec joliesse.

Plus loin HOLLYWOOD VAMPIRES, fendant la nuit, projette son obscurité. Là aussi l’atmosphère saisit, l’embardée arrive sans trop s’amplifier. Grâce et déviance s’acoquinent. DREAM UP A DREAM, éponyme, s’étire dans le noir, souillé, à peine frémissant. Mais impactant. Sa crue s’annonce, lézardant le morceau. FEET OF CLAY arrive alors, nourri des flux soniques inhérents au disque. On n’a d’ailleurs pas fini, je le parie, de l’explorer encore et encore. TILTING AT WINDMILLS, underground, vocalement barré, nous y poussera. PAINTING LEMONS, plus « éclairci », aussi. FEARLESS, pas loin du trip-hop mais dans le trouble et la distinction, dans l’audace stylistique aussi, se distingue autant.

Passionnant, généreux, l’opus développe une fin sans creux. A NEW HOUSE expérimente comme bien d’autres, de trips à la Young Gods en voix « autres ». Décrire cet album est ardu, l’écouter est une expérience. A vivre, à perpétuer. Singulière. CRYSTAL RAIN l’accroît, venteux, dans le ton d’un ensemble que je recommande « chaleureusement ». THE NARCISSIST, loin de se mater le nombril, y glisse ses effluves. Dream Up A Dream touche à ce moment à sa fin, WRECKING BALL le borde avec ses ruades vives et leur adosse ses chants en lisière, parachevant dans le bruit-délice une série de seize qui sans coup férir, couronne une œuvre duelle magistrale et sans barrières.
