Sans cesse sur le pont Cité Carter, après sa récente série de lives « spéciale 30 ans », organisait un énième soirée variée à la Lune des Pirates, proche partenaire, ce vendredi de torridité sonore. J’en fus, il le fallut bien et ce ne fut pas rien. J’en ressors fourbu, mais repu. Outre la scéne rap locale, jonchée de jeunes talents (Seyli et Sacha, à l’affiche ce soir), ou encore parisienne (Donkey), nous pûmes jubiler sur le set grenade de The Mean Ones, soit Wanwanx et 99 ETHEREAL, également du coin. Une guerilla enrobée par les nappes de Moe « Le Caméléon » Rouyer, dégoupillant, à la croisée des genres, à l’impact qui juste avant la tête d’affiche nous permit de nous mettre dans les meilleures dispositions. Rap et trap, beuglantes dignes du métal extrême, tons parfois plus déliés, flow from the street et j’en passe, la diversité du duo fait mouche. Bébé prend de la drogue, disent-ils ou plutôt chantent-ils mais en ce vendredi, c’est presque eux la came et ce, en mode non stop. Putain de choc, découverte à ne pas laisser se figer. Avec attention je les suivrai, je m’étonne même que ma première avec eux ne se soie tenue qu’en ce mois d’avril.
The Mean Ones
Revigoré, au fait du travail mené par la clique, je trépigne à l’idée de réentendre Soro & Somsouk en phase(s) avec Bill the Dog. Le courant passe grave, entre hip-hop et punk-rock en passant par les sons que Le Manifeste a pu de son côté enfanter, l’amalgame est savant et percutant. Ca bousille de partout, la Lune est chaudron et après l’amorce assurée par les deux acolytes, leurs nouveaux camarades de live les rejoignent pour une cinglade pas piquée des vers. Les rimes détruisent, les grattes assassinent comme TSC et EJM avec No One dans les 90’s, sur un quatre titres révolté que je me vante de posséder. Depuis le premier live à Carter, me vient le sentiment que très vite les gaillards ont franchi deux marches. Deux, pas juste une. J’adore; c’est ma fusion, c’est ma rage d’éduc la tête en vrac qui trouve là l’écrin qui lui sied. Je prends mon pied, pour un peu je perdrai pied mais au projet je reste rivé, songeant à ce qu’ont pu livrer Anthrax et Public Enemy en un temps pas si révolu. Bring the noise, manifeste -encore- intemporel. Bring the noise, la dream-team locale sait faire et son affaire tourne à plein régime. Plus tard on ira (tous) se faire foutre, à son invitation et au gré d’un morceau qu’on n’est pas là d’oublier, avec grand plaisir. Mais pour l’heure, on s’abreuve de leur show. Ils viennent casser les codes…et les couilles du voisin. Ragnarok, presque un Manifeste.
Soro & Somsouk vs Bill the Dog
Now war is declared, comme le fredonnait The Clash. De clash il est justement question ce soir, la collision est salvatrice et on entend déjà bien que les compositions communes, une fois accomplies, feront mal sur support itou. Sur les planches elles s’épanchent, le « petit Nathan » se contorsionne comme jamais, dans la foule je devine le sourire ému du père. J’ai hâte, hâte de me recogner ce gang, hâte de voir ses efforts prendre forme(s) et péter des nuques. J’en prends plein le cornet, le punch Pirate accompagne une prestation de tous les diables. Gouaille punk et scansion rap s’acoquinent, leur alliage est d’ores et déjà magistral. En rafales il se décline, poing joyeusement levé. Les flonflons arrivent, comme si la fête à la défaite se substituait. Soro & Somsouk vs Bill the Dog, c’est l’antidote à notre ère. Ils la malmènent, la molestent, lui imposent leur haine, et l’envoient bien…se faire foutre évidemment. Sans modération. En colère mais de contenu pensé, le groupe crée de l’élevé. J’escomptais une raclée, mes souhaits sont plus qu’exaucés. J’ai pas même payé, George en acteur culturel local reconnaissant m’a offert la gratuité mais les six balles, je les aurais volontiers tirées. Soro & Somsouk vs Bill the Dog lui, tire les siennes et une fois le colt vide, laisse derrière lui une Lune des Pirates à sac et en vrac, dans l’élan-torrent d’un concert tout bonnement démentiel.
Soro & Somsouk vs Bill the Dog
Photos Will Part en Live