La Dispute vient des Grands Rapides, il joue un post-hardcore « and so much more » sacrément attractif. C’est depuis 2006 qu’il sévit, soniquement parlant. No One Was Driving The Car, son nouvel opus, contient son lot de grenades. De tirs tendus, tantôt plus modérés. Colériques, ou bien plus rentrés comme sur les superbes Self-Portrait Backwards, à la folk mélancolique, ou encore Saturation Diver dans une teneur presque similaire, donnt émerge une obscure beauté. C’est dans l’enragé qu’on débute néanmoins, I Shaved My Head éructant d’emblée, bridé, avant de monter en intensité. Ca n’empêche pas les motifs mélodiques, bien choisis, de s’incruster par là. Man with Hands and Ankles Bound, riffeur et rythmé, assénant ensuite une deuxième salve soutenue. Autofiction Detail enchaine alors, on le sent prêt à l’implosion. Sa modération le type, son groove l’avantage. Environmental Catastrophe Film, aux soubresauts finauds en ouverture, conjugue cris et parure signée. Magnifique. The Field, passé le Self-Portrait Backward cité plus haut, sème un mid-tempo merveilleux, à l’ire stylée.
Sibling Fistfight at Mom’s Fiftieth / The Un-sound, quasiment post-rock en son début, s’emporte dans l’élan. Varié et d’approche personnelle, No One Was Driving The Car regorge de morceaux marquants. Landlord Calls the Sheriff In, au gré d’un déployé griffu dans sa patine, hurlé mais aussi scandé sans trop d’excès, rentré, fait un carton. Steve, sur ruades noise wild, l’imite en termes d’impact. Et de qualité. Celle-ci irrigue le disque, proposé à prix libre dans sa version numérique. Une aubaine, et ce n’est pas le seul de la clique. Top-Sellers Banquet, de notes cristallines en chant narratif, poste une soudaine éruption noisy. Il mêle les tons, magistral. La Dispute j’élis, Saturation Diver dépose pour moi, pour nous tous les convertis, un canevas folk à la voix racée. Il vire au grondement, proche de la fissure.

Sur la fin I Dreamt of a Room with All My Friends I Could Not Get In, étoilé, saccadé, s’enfièvre après ça. No One Was Driving The Car aidé de son jeu ténu séduit, le chant y demeure rageur. Sans cadence il fait merveille, étincelant. End Times Sermon, au bout du bout d’un album superbe, se charge de finir dans la magnificence. Folk, orné avec goût et mesure, il porte la touche finale à ce No One Was Driving The Car époustouflant, jamais inerte, qui vient se lier à la discographie déjà plus qu’éloquente de La Dispute.
