J’ai découvert Rún ce jour, sur Insta, via la story de Sunwell que j’ai par ailleurs chroniquée ici. La trouvaille est énorme, le trio irlandais oscillant entre Bjork, Kim Gordon, Swans et le « pagan folk » mais sans, de manière directe, rappeler de manière évidente la teneur des artistes cités. J’entends les Slovènes de Širom, aussi, dans ce que fait le groupe et ce disque éponyme, fascinant, pétrifie mon esprit. Paidir Poball (Pupil), en ouverture, y herse sons dark, folk rouillé, élégance de la parure et stridences noise prolongées à l’orée du possédé. Merveilleux. Your Death My Body, tout aussi dépaysant, rappe presque dans le chant et musicalement, se réfute à toute appellation précise. Trip-hop par touches, tribal par instants, envoûtant tout le temps. Gutter Snipe, sous la minute, erre librement. Terror Moon, chuchotant dans l’obscur, hanté, doom éparsement mais loin de s’y enfermer, mystique, guerrier, de sonorités d’ailleurs. J’ai la sensation, là, de percevoir Lucidvox. C’est dire l’excellence…
Such Is The Kingdom, aux voix qui narrent dans le noir, jonché de sons indus, trippants et désarçonnant, pousse le bouchon plus loin encore. Il intrigue, expérimente, navigue sans ligne directrice. Strike It livre des ruades percutantes, fiévreuses, où les vocaux une fois de plus s’illustrent. Enfin Caoineadh, sur treize minutes passées, éthéré, frémissant, retenu mais à l’arrière-plan trouble, joue une forme de free-jazz magique, d’abord racé, vers sa fin plus trituré. Les méandres de l’album en présence, enivrants, incitant à ce moment tout auditeur amateur de liberté stylistique à en réinvestir les moindres recoins.

