Enregistreur 8 pistes, boite à rythmes, de la basse, des guitares et un synthétiseur, la campagne Suisse en guise de résidence. Il n’en fallut pas plus à Coline et Maxime, soit Colonne Sèche, pour enfanter sept morceaux marquants. C’est la matière qui se manifeste dans le vide, nous disent-ils, sauf que là nul creux n’entrave le bazar. Intro sur fond flou et synthés brumeux sur voix robotique donne le ton, hors-convention. La vie c’est cool, qui l’est, sonne à la fois lo-fi et post-punk, psyché dans les recoins et alerte un peu partout. Les chants se lient, au gré d’une trame vive et hypnotique. Camarade bourgeois (Renaud cover), sur machines froides, ironise et lui aussi, attire le quidam. Cold, il couple l’aérien et le soutenu. Alors Colonne sèche, au mitan du champ, largue cadence pas loin du hip-hop, voire baggy, et motifs planants. Sans voix il convainc.

Poursuivons adonc allègrement, l’objet en K7 plait sans autre possibilité. EVDM rêvasse dans l’agréable, là aussi les organes s’allient. Napalm, spatial, suit en se répétant dans les notes. De ce fait il captive, immuable ou presque. Colonne Sèche assure son rendu, qualitatif, jamais figé. C’est la matière qui se manifeste dans le vide, éponyme, se charge de le clore sur une durée poussée. Spoken-word, textes d’intérêt, instrumentation flottante font toute sa sève. Son indolence tannée de bruits « parasites » fait mouche, son ressenti touche et l’ensemble n’offre absolument aucune prise à la médiocrité.
