Dééfait m’a refait, j’ai dégoté sa noise sous (con)torsion voltigeuse. Son univers vrillé, psyché, bruyant juste ce qu’il faut voire plus, et ce premier EP assez bluffant. Mais sans bluff, tu verras l’genre. We Love Each Other So Much That We Won’t Belong To Any Species Anymore, l’ouvrant, déploie une trame sulfureuse. Psych-orangée, loin d’être rangée, elle crasse et hypnotise. Avec brio. Première réussite, suivie d’un Molokh ∞ chloroformé aux effets immédiats. L’embardée arrive, on quitte alors la rive. Le flux est récurrent, possédé aussi, psyché vacarmé. La durée du titre, au delà des huit minutes, l’enfonce dans le crâne. BONDBONDBOND s’y plonge à son tour, en ruades noise psychiatriques qui ne sont pas sans m’évoquer les lyonnais de Zëro. Dééfait dévie, insensible aux conventions. Ca lui va fort bien. Le morceau breake, virant aux vocaux rêveurs surplombés de boucan.
Comatose Big Sun, plus loin, s’élève tout là-haut. Il se cuivre, dirait-on, free et majestueux à la fois. Le groupe, dont les membres ont d’ores et déjà pas mal ratissé par ailleurs, trace des sillons qui lui reviennent de droit. Les climats s’entrelacent, parfaitement imbriqués. Al’Ether, de Sonic Youth à Can en passant par Deity Guns, gerbe un geyser impressionnant. Le chant est en relief(s), l’instrumentation variable et belliqueuse. Captivante, de par tout ça. Dééfait dispose d’atouts, son chaos a du chien. Sa dernière incartade, Wow! Ferreri Cooked For Us, nous emmène en terres où chant délirant, vagues incoercibles et accalmies subtiles cohabitent pour parachever une sortie inaugurale que l’on peut, sans risque d’erreur, qualifier de magistrale.

