Korbo nous vient d’Amiens, je l’ai maintes fois vu à l’œuvre. Passionné, investi, multifonctions, il vole de ses propres ailes. Sa modestie, sa discrétion l’honorent. Son univers aussi, reluisant dans l’ombre, prenant forme dans des histoires de vie contrariées. Intime Pulsation, son tout récent EP, le déploie sur cinq plages captivantes, à la feutrine jazzy remarquable. La voix susurre, se rassure si elle le peut. La vie défile, se défile, perd le fil; Comme un soldat et son saxo doucement vibrant, le premier, attrape les sens et suscite l’émoi. Les moi, visiblement pluriels. Mal intérieur, mis en son avec maestria. Quête de soi, dans la soie. Réflexion intense, contemplatif. La matière, chez Korbo, incite à l’introspection. Sa poésie, aussi pudique qu’exposée, l’avantage. Les genres s’imbriquent, et pas seulement musicalement. Korbo est un homme ouvert, soucieux de l’autre peut-être plus que de lui-même. Je vis, d’un obscur distingué, racé dans le verbe, d’une parure jazzy aérienne, semble éclairer. Le quotidien. « Je vis, je vibre ». Tout est là, niché, dans l’œuvre de Korbo qui en l’occurrence, a quasiment tout assuré lui-même.

©Korbo
Avec Ce monde, aussi familier qu’étranger, l’éclat proche de l’ inerte perdure. Korbo dans l’ombre trouve sa lumière, sa diction donne à son Intime Pulsation un relief certain, bordé de torpeur. Il est vrai, loin de l’entourloupe. Doué, tourmenté jusqu’à en faire sa sève, Korbo d’une plume inspirée, d’atmosphères à couper le souffle, laisse derrière lui un effort splendide. Inondation, ode à l’action, présente un écrit de marque. Là encore. Le piano, sobre, y scintille épars. En son Intime Pulsation Korbo se réalise, ou s’y essaye, doté d’aptitudes que l’on ne peut qu’entendre, porté par des créations hors-pair en équilibre sur le fil ténu de l’existence.

©Manoah
