Benoît Tranchand, musicien souterrain, dispose d’un univers. Bien à lui. Son registre emmène ailleurs, sa Peau de serpent mue régulièrement et, inspirée par le grave accident et la brûlure qui a marqué l’artiste, s’ouvre par un Serpent aussi tribal qu’en angoisse de voix à la Bruit Noir. Captivant. Le musicien/arrangeur Christian Garcia-Gaucher (Meril Wubslin/Bongo Joe Records) participe au tout, dont l’ étrange attraction perdure. Serpent menace, il est aussi bien mis. Beau Belle Bien, de ses pulsions électro remuantes, ensphéré de nappes brumeuses mais aussi cinglantes, urge et breake ensuite. Pour ma part c’est fichu, me voilà happé. Auto-tampon, à la Michel Cloup sous électro dark, claque un boucan vivant. Le registre est décalé, azimuté, lettré aussi. Insomnie, hypnotique, fait dans l’aérien racé. A la moitié du jet, on a bien capté que le sieur Tranchand, insouciant de la norme, défriche à sa guise.
Ainsi Chanson d’Eté, à l’insidieux bridé, fait-il bel effet. Sa fin s’emballe, alors nous itou. Erreur, loin d’en être une, laisse filer la life. Son post-punk en saccades réjouit, zébré de sons fins. Il oscille, frappant et rageur. Ma Vieille Amie, qui lui aussi m’évoque Cloup et c’est dire le savoir-faire de Benoît Tranchand, complète l’ouvrage sans l’écorner. Retrouvailles. Enfin Dernière Chanson, de sa diction à la Bouaziz cerclée de motifs prenants, obscurs, conclut l’album avec pour seule conséquence, d’en asseoir de manière incoercible l’inspirée portée.

©Céline Levain
