Un livre, une plateforme « jukebox » numérique avec 50 chansons-remèdes (écrites l’année passée, lors de deux résidences, pour soigner des maux en musique et pouvant être gravées à l’unité en 45 Tours ou écoutées/achetées en digital). A la base de ce projet fou, et passionnant, le Suisse Louis Jucker a installé un studio d’enregistrement analogique dans 2 lieux de sa patrie [Lausanne (La Pharmacie, mars 2024) et Fribourg (O.V.N.I., septembre 2024)], et convié le public à venir passer commande de chansons, sous forme de «consultations» musicales. Je résume, pour tout en dire il me faudrait la nuit. Et Louis, de toute manière, le dit par ici bien mieux que moi, dans l’exhaustif. Merci à lui, je m’appliquerai pour ma part à vous décrire en ces colonnes le rendu sonore qui émane de l’entreprise du chanteur de Coilguns, acquérable via ce lien. Lo-fi, rock’n’ folk et indé boisé pétri de vérité, de quête du mieux en font la sève.
C’est THE BIG WHITE KNOB qui le premier, attire de par son dépouillé lo-fi, pas loin d’un Swell. C’est dire la qualité, alors que Jucker a tenu, dans l’esprit, à faire dans le spontané. A ne pas tricher, prônant le premier jet. Ca lui réussit, au delà de l’attendu. A WORLD OF FOAM enchaine sur une forme d’électro légère, sobre. La séduction, la thérapie par le son, par le grain de voix vont durer 50 Songs et aucune d’entre elles n’échappera à la prescription. M’est avis que les ressentis de ses « consultants », tout au long de ce recueil, sont traduits avec la plus belle, la plus grande acuité possible. A l’écoute, personnellement, je tire vers le mieux-être. BULLSHIT RADIO par exemple, outre son titre génial, me séduit de par sa parure et ses envoutantes volutes. J’ai auparavant hier soir plus précisément, à l’heure du sommeil, épluché le bouquin. Alors, je me sens bien. Je tire profit des notes, d’un UNDAUNTED qui malgré sa durée restreinte joue une lo-fi aux guitares magiques. Et ce n’est pas, loin s’en faut, le seul exemple que je puisse en l’occurrence citer.

©Michael Hartwell
Si on pousse l’écoute en effet, le panel créé étire ses effets. DO THE BROCKI BEAT twiste et se fait hagard, on sent dans ses abords l’errance hautement créative de notre ami Helvète un tantinet esthète. Des notices pharmaceutiques accompagnent l’ouvrage, réellement original. PEOPLE IN YOUR HEAD m’évoque, comme travailleur social, cette période en psychiatrie lors de laquelle, finalement, les patrons étaient au final les moins sains d’esprit. BEAUTY IN FAILURE m’amène à réfléchir, moi qui toujours ai pensé que l’échec pouvait servir, renvoyer de l’éclat. En ne pas être jugé. Sans soigner der manière directe, Jucker prend soin. De l’humain. Ses sons tournoient, ses idées fusent. Il expérimente, sans s’y perdre tant l’ensemble reste cohérent. Les guitares, tantôt, se déchirent comme pour mieux nous requinquer. Le remède est bon, touchant très souvent (A LIBRARY OF NONEVENTS, par exemple, et ses airs de Young Marble Giants). A Pharmacy Of Songs, c’est l’officine rêvée. JUSTICE BE FORGIVEN en ferme rageusement les portes, dans un hardcore lo-fi made in Louis et avant ça, nombre de morceaux auront eux aussi séduit, embaumant les âmes en souffrance.
Lien vers la plateforme Jukebox


