Agathe Plaisance, artiste plasticienne et musicienne autodidacte, étend une sphère sonore dans laquelle sa folk de base, jonchée d’éléments qui en malmènent la quiétude, se prend alors à différer. Deep Rest est son deuxième album, le premier fut suivi de bien belles dates. Old Friend l’amorce dans des bruits de vie, une distinction dont les textures sur la deuxième moitié du titre se troublent légèrement. C’est avec Black Haired Boy, plus ouvertement, que les fissures se prononcent tandis que le chant, féminin à en frémir, varie et se greffe aux déviances soniques. L’électro malaxée de l’ Ebroïcienne, décisive, fait muer son socle. Le morceau virevolte, animé, jusqu’à attirer sans autre alternative. Wine, plus lent, plus asséné aussi en termes de cadence, se teinte de psyché dépaysant et de son chant brumeux, fait mouche. Ses notes vrillent, l’enracinant avec brio.
Deep Rest, vous l’aurez pressenti, ose tout en demeurant beau. This Morning en fait montre, subtil, dénué d’incartade. Swedish Man, lui, s’emballe et de son atmosphère en clair-obscur, envoûte. Cocaïne, dans la minute qui suit, revêt des sons dark. Là encore le climat attrape, façonné avec imagination, au gré d’une électro/trip-hop dont l’indus n’est pas éloigné.

Live Bars en Trans©Tiffany Trabado
Plus loin Deep Rest, éponyme, renoue avec de la « pure folk ». Le jeu est élégant, l’organe apaisant. La parure, quelques secondes après, met le tout en exergue. Enfin Broken Heart, terminaison électro lézardée dans son éclat, magnifique, s’en vient fermer un chapitre marquant, audacieux sans se déparer de sa matière initiale, qui en cette fin d’année sonne comme une B.O., salvatrice et singulière, de nos heures piétinées par ceux de « là-haut ».

©Charlotte Romer
