Avec Swans tout est expérience, qu’il s’agisse d’un live ou d’un album. Birthing, 17ème album du projet mené par Michael Gira, ne déroge donc pas à la règle. Intense, étiré, incanté, habité, il exhale sept titres captivants. The Healers, le premier d’entre eux, dure plus de vingt minutes et d’un début lancinant où Gira greffe son chant à des chœurs féminins, vire à l’intense au bruit grandiloquent. Déjà désarçonné je poursuis avec joie, I Am a Tower à peine moins long vrille ente ruades et passages magnifiques, tant vocalement que dans l’ornement. Il hausse le rythme, en sa fin. Birthing, éponyme, prend alors le relai et étendu lui aussi, s’assène avec une grâce cadencée que des breaks nuageux sertissent. C’est du grand art assurément, surligné par le chant du leader. Red Yellow, susurré et rythmiquement plombé, ensuite bien plus poussé dans le chant, paré de sons dépaysants, assied l’emprise. La sienne, et celle du disque.

Gagné je continue, Guardian Spirit d’abord fantomatique, lancinant, racé comme déviant, s’impose à son tour. SWANS est unique on le savait, ses poussées de fièvre créatrice n’ont aucun égal. Birthing en tire généreusement profit, The Merge et ses quinze minutes free aux déchirements tannés de sonorités hypnotiques produit un effet définitif. De trouées noires en instants obscurément lumineux, Swans s’éloigne ouvertement de tout format prédéfini. (Rope) Away, chargé de conclure Birthing, s’en acquitte dans cette variabilité représentative de Swans, entre les genres, jusqu’à rendre l’opus entièrement, et ce n’est l’unique occurrence dans la discographie de Swans, entièrement addictif.
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