De Perturbator je connaissais jusqu’à présent peu de choses, avant de recevoir ce Age of Aquarius censé traduire, soniquement et dans le verbe, la vision de James Kent sur son époque en friche. L’opus explore la manière dont l’individualisme, le conflit et la guerre sont des forces sociétales dominantes et interdépendantes, il pétarade dès l’excellent Apocalypse Now (ft. Ulver) qui de vagues électro puissantes en rythme marqué permet une belle ouverture. Lunacy, lui, emprunte une vois moins frontale, mais toute aussi immersive. Il accélère, filant. Le disque, si on lui prête toute l’attention possible, nous avale. Les phases se succèdent, aussi tranchées que complémentaires. L’ascenseur émotionnel est de mise, Venus (ft. Author & Punisher) poste là une atmosphère saccadée, pas loin d’un Reznor à fleur de peau. De raffinement en incartades sonores, Age Of Aquarius trouve sa posture. Ses invités performent, The Glass Staircase s’en dispense mais taloche malgré tout une électro-indus variable et notable. Notons par ailleurs, fait marquant, que Kent a sur sa galette tout fait lui-même, pratiquement.
Autonome donc, ses compétences le lui permettent, le Parisien élabore un Hangover Square obscurément serein. The Art of War, dans l’élan, se fait plus virevoltant. Il brise sa cadence, la réinstaure de plus belle et impose des flux agités se dansant dans le noir ou dans le bleu sombre de la pochette signée Andy Julia. 12th House les réitère, dans ces sautes d’humeur caractéristiques de l’effort en présence. Lady Moon (ft. Greta Link), de durée poussée, greffe chant ample et fantomatique, mais de marque indéniable, et grisaille spatiale. Age Of Aquarius mérite l’attardement, dans ses recoins git notre monde…d’attardés censés nous diriger. The Swimming Pool, essai assagi, semble le nacrer. Mors Ultima Ratio, de new en cold-wave millésimée, trace et décélère. Dans son sillage il nous traine, nous entraine à défaut d’entraide. Enfin Age of Aquarius (ft. Alcest), sur plus de dix minutes aux mutations insidieuses, crayonne pour clore le tout une pièce maîtresse, perturbée, criée en sa fin, parachevant un album à côté duquel il serait dommage de passer.

©Andy Julia
