Si l’on devait dresser la liste des labels authentiques, décalés, collectifs et audacieux, alors Les Disques Bongo Joe en serait. Pour sûr. Ses grooves des recoins du monde depuis 2015 font sensation, ce recueil en collecte une belle tranche et régale son monde pour les 10 ans de la structure de Genève. D’ Alain Peters – Plime la misère, qui ouvre les festivités sur un air d’ africanisme lascif, à Dressed Up Animal – Mondtanz qui le clôt en déployant une sorte de loufoquerie tribale-jazzy de travers, on ne cesse d’explorer, de découvrir, de s’extasier et de s’évader. Altin Gün – Goca Dünya nous Turquise, funky et chaloupé. Mauskovic Dance Band – Bukaroo Bank suit au gré de saccades elles aussi désarçonnant, post-punk de teneur exotique. Cold, aussi, et sévèrement attirant. Esplendor Geometrico – Moscu esta helado n’en fait pas moins, électro-cold/indus hypnotique et hispanisante. Hyperculte – Temps mort poste un temps fort, destroy et digne de l’OTPMD dont le tour viendra plus loin. Culte, et pas d’la zik d’hyper. Madalitso Band – Wandiputa Dala, lui, nous emmène sur les îles. Meridian Brothers – Puya del empresario, galopant, pend à son tour la tangente. A chaque titre on change de contrée, Derya Yıldırım & Grup Şimşek – Nem Kaldi sème son Orient et sa valse enivrante que la voix sertit. Nordine Staifi – Zine Ezzinet siffle et « fonke », à la Talking Heads de chez Bongo Joe, mode arabisant activé. Génial, tout comme Cyril Cyril – Les Gens (Radio Edit), kraut-cold/surfy cintré comme ces gaillards-là. África Negra – Zimbabwe fait ensuite parler son intitulé, fidèle. Yīn Yīn – One Inch Punch, à l’exact mitan de ce CD/Double LP généreux, offre une embardée de derrière les fagots.

Historique, 10 Years of Sonic Explorations porte bien son nom. En atteste Les Abranis – Chenar le blues, rétro pété de style et d’identité. L’inventif préside, le groove novateur l’encheville. Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp – Breath, fleuron vu en live par mes soins, expérimente dans un jazz dément, foufou et sautillant. Coco Maria – Me Veo Volar lui emboite le pas, brésilien dans certains rythmes, d’un chant féminin sucré. Il change d’option, ensuite AMAMI – Ivory (Radio Edit) endosse une musicalité qui elle aussi, singularise le catalogue Bongo Joe. Lalalar – Abla Deme Lazım Olur, des mes chouchous Turcs mirés itou dans ma city picarde, largue une électrorientale magistrale. Nusantara Beat – Djanger, indonésien, ravit de par son délié. J’ai pu les admirer, eux aussi, en clôture de festival. Yalla Miku – Asmazate file bon train, il me tarde d’entendre l’album à venir. Il breake, tribal et magique. Chouk Bwa & The Ångströmers – Amounay (Radio Edit), alliage Afrique-électro from Sweden perché, prolonge le plaisir. Sami Galbi – Dakchi Hani déroute quand vient son tour, dans un raï qui quitte les rails. Baby Berserk – What I Mean, qui fit sensation au MALN 2024 de ma bonne ville d’Amiens, taloche là ses nappes dont on ne se dépêtre pas, avant le terme mentionné plus haut. Document à acquérir, sans aucune hésitation, que cette grosse vingtaine de plages qui immédiatement embarquent.
