L’ex-Structures maintenant Normand, Marvin Borges-Soares a depuis fondé Split, formidable exutoire à tout ce que l’époque nous déverse de pourri. Violences conjugales, violences policières, précarité, dépression, addiction et mort sont au menu littéraire, l’injustice reine viciée de ce monde est pour le coup laminée. La perte de soi, de contrôle de ses actes, est également évoquée. Les sept morceaux livrés allient furie hardcore et colère violemment évacuée, à commencer par l’imparable Coward qui après une amorce indus brumeuse, lâche un parpaing screamé de haute volée. Il file, mue ensuite en une raclée pachydermique. Diantre! Good Cop, alors qu’on peine à se relever, assène une deuxième tartine aussi brute et jouissive. Une mornifle que l’ ordre rangé accueillera avec amertume, le nez dans ses méfaits. For Fuck’s Safe, du même acabit, venant dans la foulée parachever un trio d’ouverture massif et filant, d’une ire pour le moins audible.

©Rémy Barbe
Bien entouré, qui plus est, le rouennais dépote et dévoile une qualité qu’on ne pourra en aucun cas lui disputer. World Sucks, à la vitesse d’un avion, sous la minute, en pas même 30 sec’ à vrai dire, envoie une frappe hardcore furibarde. On est servi, Something Of My Own trashe l’auditeur et beuglant, confirme l’adresse de Split et par la même occasion, sa propension à mettre son ressenti en sons. En mots aussi, dans le lucide teinté de vécu. A Rouen et comme déjà par ici la valeur pullule, Split vient sans coup férir se joindre à la longue liste des formations à prendre en compte.
Pour ce faire Stained Soul, dans la lignée de ce Violence Breeds Violence dont la courte durée l’enclume dans les esprits, offre chants de hooligans et brisure de rythme, pour une issue derechef parfaite. L’album s’envoie d’un jet, sans discontinuer. I Feel Nothing More, assagi, beau à entendre, sonne alors le glas. Du disque, pas de nos espoirs, ravivés, le track virant vite en une attaque éructée. Ca groove sévère, une voix narrative s’incruste. Terminé l’affaire est pliée, bientôt en live dans ma ville d’Amiens le clan fera sans nul doute trembler les murs de la Lune des Pirates, flanqué d’une galette salvatrice en béton maison.

