Trio « Finnish-Swiss », Sum Of R doome et sludge, mais il refuse de s’y cantonner. Son Spectral, bien nommé, débute d’ailleurs sur une épopée céleste qui répond au nom de Solace (feat. Juho Vanhanen), aérienne, saccadée, plombée et envoutante. Elle fuzze, virant ensuite au démoniaque en termes de chant. Le fracas s’installe, clôturant l’ouverture. Agglomeration (feat. G. Stuart Dahlquist), en deuxième position, sert une atmosphère viciée, aux teintes folk bien senties. Il dépayse, entre black et doom on ne sait plus à quel saint métal se vouer. Null, déferlante psyché sonore et en roulements de drums, orchestral mais dans la déviance, performe. En son terme, il se clarifie. L’instrumentation est riche, le chant mue en plainte déchirée. Le morceau est sublime. Arrive alors Waltz Of Death, qui continue à étirer le panel, black certes, mais dans le même mouvement pachydermique/lyrique (dans les chants d’opéra mortifère), splendide et obscurément majestueux. Beer Cans In A Bottomless Pit (feat. Vicotnik) lui, à l’exacte moitié du skeud, sème une effluve psyché à l’ampleur impressionnante. Ici aussi les chants muent, le procédé n’est pas sans effets.
Empty Rooms non plus, par ailleurs. Drone puis psyché, sans hâte, il s’élève. The Solution fait un peu de même, sa répétition l’encheville clairement. Sum Of R par ce biais s’impose, décorant sa grisaille avec une belle dextérité. Violate hausse la cadence, s’offre des chants paraissant traficotés. On l’en loue. Une fois de plus l’impact est irrésistible, pour peu que l’on soit familiarisé avec ces sphères écartées de toute norme. Sauvage et stylé, le titre pousse ses cris. Ces derniers s’habillent de notes mélodieuses, pour un brassage génial, alors que le déluge se poursuit. Enfin Cold Signature, bordé de shoegaze, poste une rêverie salie que la voix pour une dernière fois nappe, pour le coup avec mélancolie. C’est beau comme la nuit, c’est Spectral et Spectral et l’ensemble souffle des dispositions aussi bluffantes que récurrentes.

