Gemma, onzième album studio d’ OvO, célèbre vingt-cinq ans d’activité. De déviance sonore aussi, langagière, vocalisée. Ca ne tarde d’ailleurs pas, loin s’en faut: Gemma, éponyme, sert un trip-hop sombre, susurré, qui vire au parpaing éructé. Stagno, dans la foulée, claque ses gifles électro-métal/indus un brin tribales. Personne n’est ménagé, c’est bien ce qu’on attendait. Stefania Pedretti (Alos) et Bruno Dorella (Bachi da Pietra, Ronin, Sigillum) font bon ménage, Opale (feat. Lord Spikeheart) initie une électro-cold possédée qui breake dans la vapeur, nébuleuse, pour ensuite onduler dans la nuit, tarée dans ses vocaux. Gemma est immersif, dérangeant, en lisière. Iridio se plombe, lui aussi vociféré. De la rouille de guitare s’y insinue, pour un rendu déphasé. J’adhère, j’adore aussi. Diamante (feat. Page A. Flash), ensuite, offre une amorce aérienne. Doom ou pas loin, il se déplie dans un ralenti prononcé. Les chants, black métal, le démonisent. On n’a pas terminé, ce Gemma, d’en ingérer l’extrême noirceur parsemée de recoins plus « lumineux ». Orocromo, qui louvoie, alterne velours sali et trainées entièrement brutes. Il groove méchant, on ne peut lui résister.

©Annapaola Martin
Attiré je prolonge l’écoute, ça va de soi. Je me heurte de ce fait à Cobalto, indus féroce aux sonorités là encore maladives et imaginatives. Il sort de ses gonds, soumis à des pulsions galopantes. Zolfo lui succède, trituré, entêtant de par ses vagues. OvO fait fort, l’écart est son socle et il en use avec l’expérience de ceux qui durent. Neon, obscurément serein, se syncope et dessert des ruades pesantes, massives, où l’organe m’a tout l’air de chanter la mort. L’album impressionne; Rame le fait twister, en indus qui grésille et crache sa lave. On change, à envi, de direction et la méthode est loin d’être forcée. A l’heure où Fossile borde l’opus, sorte de drone céleste, je me tiens d’ores et déjà prêt à en réenclencher l’investigation.
