Sorti par chez eux sous le manteau, l’an dernier, le nouvel opus des Suisses de PUTS MARIE, ce Pigeons, Politicians & Pinups During the End Time of Mankind digne de leur savoir-faire, mérite bien plus d’exposition. Ses sept titres, dont la retenue suivie d’intensité(s) m’évoquera Deus, pour, également la distinction du propos qu’une poignée de fulgurances émaillent, brillent sans délai. En effet Bird Breeding Man, chargé d’ouvrir, le fait d’abord dans une lancinance aérienne, sensible, venteuse, avant de remuer de manière plus marquée. Le ressenti s’intensifie, le tout vire à l’orage et c’est bien ça qui entre autres, élève la galette. A Con Man Goes Around suit lui aussi dans la spatialité, douce-amère, en restant sur le fil. Il a de la dégaine, personne n’en disconviendra. Robber’s Daughter, plus pulsant, ravive encore l’ouvrage. Il rocke, sans rejeter les mélopées. Il reste finaud, également, dans son impact.
Puts Marie joue joliment, Long Distance Runner entraine à son tour. On y retrouve ce mitan, de patine en instants intenses, qui sied aux Helvètes. Cicciolina and the Clerks, au fond trouble, sombre, jette une chape lourde, leste aussi, au chant scandé. La fissure arrive, je l’attendais et n’en suis que plus heureux encore. Pigeons, Politicians & Pinups During the End Time of Mankind enchaine les réussites, s’il n’inclut que six tires on n’en rejettera aucun. Le dernier d’entre eux, Hotel Asylum, outrepasse les dix minutes. Il délivre une embardée, dans les cieux, néanmoins acidulée, à l’éclat que des miettes de bruit abiment superbement. Sa fin resplendit, épurée. Le disque évoque par ailleurs pigeonniers artisanaux, hôtels en ruine et sex-clubs sombres, entre autres, ce qui ne fait que nous le rendre plus attachant qu’initialement. C’est dire…

©Roger Keller
