A 50 ans ce joyau du Heldon de Richard Pinhas, réédité par Bureau B, produit encore un effet monstre. Kraut, électro, spatial, il décolle et fait soniquement merveille dès l’inaugural Ics Machinique, perché dans les cieux mais fendu de sonorités craquelées. On en redescend à peine que Cotes De Cachalot A La Psylocybine, aussi planant que bruitiste, étend l’expérience. Il est nécessaire, face à ce monument, de se situer dans l’immersion. Mechammment Rock, psyché-vrillé, bluesy destroy, se saccade jusqu’à nous posséder. Cocaine Blues prend, pour sa part, une option moins triturée, en volutes emprisonnantes. Aurore nous y amène, tout bonnement psychotrope. S’envoyer cette ressortie, c’est vivre un moment hors-temps. De l’intemporel, de grêle comme de ouate, dont on ne se dépêtre plus. J’en veux pour preuve les 18 minutes outrepassées, justement, dudit morceau.

Plus loin Virgin Swedish Blues, rêveur, sous torpeur captivante, s’illustre et s’inscrit dans la veine barrée de l’ouvrage. Ce dernier dépayse, erre à sa guise, largue dans les alentours un Ocean Boogi dark-jazz du plus bel acabit. Zind Destruction (Bouillie Blues) suit en perçant ses notes, enfantant un genre hybride. Heldon expérimente, le persévérant gagnera grandement à rester en phase. Il en vivra d’ailleurs, des phases, au point d’y demeurer englué. La dernière de toutes, intitulée Doctor Bloodmoney et de durée poussée, lui imposera une dernière virée cosmique au terme rythmé, magique, qui l’obligera à bien d’autres immersions futures sans retour sensément concevable.
