M(h)aol vient de Dublin, il traite sur ce deuxième album du féminisme intersectionnel, du bien-être animal, du consumérisme et de la lutte pour trouver une place dans un monde dépourvu d’empathie. Musicalement, en plus de ces thèmes d’un intérêt sûr, il déploie un post-punk vivace, sonique et personnel. Pursuit, en ouverture, chuchote comme l’aurait fait Kim Gordon et de ses poussées alertes, mélodiques mais également abimées, fait mouche. I Miss My Dog, fort de sons obsédants, stridents aussi, enfonce le style du projet. You Are Temporary, The Internet Is Forever, de retenue en chants mutin, sème ses abords noisy. Le tout excelle. DM:AM suinte une urgence chaloupée, sonore, du plus bel effet. E8/N16, lui aussi, joue avec les sonorités, en invente de nouvelles, vocalise sucré mais insubordonné. Vin Diesel file, se saccade, sur vocaux de bonhomme au timbre grave. On se plait, grandement, à parcourir ce Something Soft.
Quelques déviances plus loin arrive Clementine, bref itou, donc efficient à bloc. Ses instruments font dans le fatras, dont émerge une voix derechef susurrée. Il crisse, les organes virent au vindicatif. Snare groove de par sa batterie, menace, dessine un genre novateur. IBS a le riff dru, la cohérence de l’ensemble donne du relief supplémentaire à l’ouvrage des Irlandais(es). 1-800-Call-Me-Back recourt ensuite à une électronique tarée, il va de soi que M(h)aol n’a pas pour but de se ranger. Coda, qui débute par un rythme…hip-hop, termine d’ailleurs l’opus sur une note décalée, gorgée de guitares en crue, de lave nappée de chants brumeux. Voilà une galette parfaite, valable de bout en bout, vraie et combattante, à se jeter sans en omettre le moindre morceau.

