Brother Omniscient, aficionado de tout ce qui est B.O. et films de genre, ère 50-60, se sert de ça pour balafrer son hip-hop. Il fait merveille sur ce Space explorers qu’édite Coeur sur toi, pour la « setteca », et La Voix Dans Le Désert pour la version digitale. Entre instrus jonchés de voix « ciné » et syncopes rap aux mouchetages tantôt noise, jazzy, triturées, drum’n’bass de tarba (l’hallucinatoire It might be a dangerous move) ou je ne sais quoi d’autre tant le panel s’étire. Généreux, Brother Omniscient fait preuve d’audace et de génie. Intro – Brother Omniscient presents, euh…blues-rap, électro-rap, psych-rap peut-être aussi, ouvre d’ailleurs en surprenant. Journal de bord Pégase 3 te catapulte dans l’espace, tu y flottes et les voix s’y engoncent. Y’a du dub aussi, par ici, et foule de genres copulant allègrement. In the year 2071, psych-noise sur cadence hip-hop leste, y va de son attirance. Ses flux, m’évoquant les Young Gods, font sensation. Vous vous obstinez à nous espionner, on en fait tout un titre. Spatial, vrillé, envoûtant. Ici Marshall de ses volutes perçantes s’illustre aussi, You obey your master se fait à son tour respecter tu m’étonnes vu son nom et puis on jurerait qu’il croise Portishead et… Brother Omniscient himself, en chair et en sons.
Attention, rythmé, en reverse une pleine ‘teille. Ses sons en collisions persuadent, après ça on se cogne Before it’s too late et son hip-hop embrumé. Perfect. Colossus, colossal, souille ses sonorités. Hyperspace les élève, perché bien haut. Que représente la Terre ? distille ensuite son groove délié, céleste, avant que It might be a dangerous move se mette à niquer son Prodigy. Prodigieux. His guns claque alors un rythme pataud, les « chants » s’y font B.O. et les notes étoilées. Omega Variant prend la suite en ondulant, hypnotique. Ce bordel est magique. Vous n’avez pas le choix, lance le morceau suivant. Ah si si si, on peut écouter Brother Omniscient et tout ira bien mieux! L’effet est de taille.
Vers la fin on a sur notre route Lifeform detected, en vagues psyché bien défoncées. Ou encore Do you read me ?, paresseux, pas moins nuageux. An automatic weapon fait son Soul Coughing, il excelle comme tout le reste. The we are réitère ses boucles, bien enciélé. Enfin End credits, psyché de films d’antan, assure un terme au bruit urbain bonnard, fermant la marche d’une collection de haut vol et d’une créativité qui flirte avec l’insolence. Terminé, en plus de ça le bazar est à prix dérisoire et s’en priver ne se conçoit donc pas.