Après un jeudi probant, relaté en ces lignes, Minuit Avant la Nuit eut à affronter la désillusion d’un vendredi annulé, orage de toute première bourre en cause. Ca me permit d’aller voir Forest Pooky, Live Entre les Livres c’est bien aussi et quoiqu’il en soit la team MALN soudée, loin de renoncer, redoubla d’ardeur pour parfaire son week-end. J’arrivais pour ma part mitigé, comme à mon habitude car les Katerine et autres, très peu pour moi l’irréductible fan de sons et attitudes insoumises, mais néanmoins gonflé d’espoir. Je connais, en effet, le décisif éventail de l’évènement et sais à l’avance qu’une pelletée de sets me combleront. Le pote Rodolphe ce samedi arrive, nous flânons et rendons visite sous la tente comm’ au fort aimable Thomas, doublure du captain’ Jimmy. Il fait soleil, ma casquette Umbro d’habitué des stades veille sur mon crâne vieilli.
Bientôt Double T ouvrira, rap urbain dans sa besace. Gildaa suivra, reconnaissons que son électro pulsante et dépaysante (entre Paris et Rio de Janeiro la dame a de quoi « ratisser »), au gré d’une excentricité au non-sens captivant, a du chien. Surprise à prendre, Gildaa déblaye le chemin pour Miki qui en Tik-Tokeuse porteuse, brouille les genres -pas seulement musicaux-, les pistes, et dessert une pelletée de titres que son sens du partage et sa joliesse doublée d’une gestuelle scénique remarquée surlignent. L’assistance adhère, il faut dire que ce genre de phénomène fait régulièrement l’unanimité dans le…euh…grand public. Bref, Miki j’en suis presque à aimer car les textes me font penser, rajeunir itou, et ses textures osciller, enfin pas loin. Mais non, à c’t’âge on est capable de mieux, de plus profond, de moins naïf. Echec et mat le MALN de son côté est conquis. J’apprends, ici comme ailleurs, à appréhender les révélations de ce type mais demeure, néanmoins, un gaillard de marge, exigeant, à l’affut de l’authentique.
Gildaa/Miki
Avec Hinds d’ailleurs, le fan de rock indé que j’ai toujours été jubile. Minuit Avant la Nuit en compte désormais trop peu alors à chaque gorgée, je m’en abreuve. Les madrilènes m’évoquent les Breeders, encanaillées elles génèrent une suite de bombinettes rock hérissées comme mélodieuses. Perfecto! Lynx Irl de son rap breaké enflamme la scène combo, ma prèf’ et ouais t’as vu j’ai la rèf et en même temps je me demande toujours comment les accents street à la noix peuvent générer tant d’effets. Ah, c’est peut-être parce qu’ils sont vrais, sans supercherie. Puis l’intérêt de MALN, c’est de te trimballer dans une sphère où tu perdras tes repères. Musicaux, cette fois. Et tant mieux.
Là où d’autres se cramponnent à leur mouvance de préférence, se condamnant ainsi à l’inertie, je m’efforce de défricher, comprendre et sans cesse découvrir, quitte à rejeter. Katerine joue son délire, je n’en suis volontairement point mais revenant à temps du kébab de la chaussée saint Pierre, j’entends une histoire de banane et de bons gros riffs qui bousculent une scéno dont je me moque. Fcukers, en revanche, je plébiscite. De bribes Madchester en bazars house agités, de traces rock 80’s en métissage stylistique osé, dansant et emballant, le clan de New-York m’enthousiasme. Ojos en reverse une belle louche, scène combo encore et ouais mon bellot! Electro-pop, mots à penser, sagesse et implosions soniques, french et spanish dans le texte, riffs incisifs en sus, le duo se distingue. Par ici la foule est massée, j’ai du me frayer un chemin à base de « pardon » sincères et ne le regrette pas.
Hinds/Fckers
Au village on se pose, j’attends Kompromat avec impatience et fichtre, mazette, Rebeka Warrior et Vitalic in his glasses font muer le MALN en une armée d’ humains dansants frénétiquement, au son d’une prestation époustouflante. Rageuse, cold et électro, new-wave, post-punk et j’en passe, la venue est de celles dont je (re)parlerai à qui voudra l’entendre. Insubordonné, fédérateur, doté d’une palanquée de morceaux que les planches de la scène Levant portent haut, Kompromat cartonne sans coup férir et Lifts me up, transcendant. L’ouragan est salvateur, son groove embarque l’entièreté du cortège vers un zénith de félicité. Je ne compte pas m’en remettre, je préfère rester perché, gagné, acquis. Rebeka slamme, elle a la flamme et son acolyte instaure des séquences assaillantes. Torride, Kompromat se hisse au faite du MALN. Je ne suis plus que joie.
Après ça Kavinsky, je l’avoue, je survole. J’aurais bien Reborné, au lieu de ça j’ai un DJ set et mon cerveau s’égare, rêvant à un Young Gods, à un Suicidal Tendencies, aux Psychotic Monks, aux montois de La Jungle, au Nonstop de Fredo Roman, à Leroy se Meurt, à Coilguns, à Ausgang, Maman Küsters « from Brest », Dame Area, The Comet is Coming et tant d’autre sauvageons du son, à du subversif de véritable niche. Retour à la casbah, perclus mais majoritairement repu. Demain est un autre jour. Tu m’étonnes Elton, c’est dimanche. Ce samedi par crainte de la boue j’avais prévu les chaussons de bloc opératoire, avec zip et tout et ouais classe totale mon bellot, mais ce ne fut point nécessaire.
Kompromat
Le jour d’avant le lundi donc, bien trop tranquille -j’affectionne les termes fous, sauvages-, familial mais ça ne proscrit pas selon moi l’écorché, débute avec Verb et sa grammaire jazz instrumentale bien jouée. Agréable, mais trop scolaire quoique…d’un bon apport d’un point de vue stylistique. A Patachoux j’ai capté un bon dwich, assorti d’un éclair café, aimablement servi. La fois prochaine, flan pistache pour mes kinés préférées. Je soigne celles qui me soignent et grâce à elles, j’ai la démarche plus sûre. J’arpente MALN avec assurance, avec le pas de l’expérience parce que ce bazar-là j’en suis depuis les débuts. Lubiana, belgo-camerounaise aux histoires de vie trop longues mais édifiantes, berce de sa kora, de sa voie douce. C’est sûr que là, on est peinard mais tout de même, le dépaysement guette.
Mazette quel pleu-pleu je fais, je n’ai pas même stoppé au stand de la JASH! Voilà pour ne pas me consoler Chaton, au répertoire « so coooool ouais t’as vu » que seule la touchante présente de sa petite me rend sympathique, entre amour et complicité qui me mouille les yeux. Il me faut repartir, MALN est pour moi un repère quand bien même je l’attends plus percuté, plus fréquemment « quittant la route », davantage osé, moins directement en phase avec l’actuel. C’est rien tout ça, en 26 j’en serai derechef avec sur l’épaule, ma boite à images et dans ma trombine, la perspective d’une série d’émotions, de lives renversants ou moins sur lesquels je ne suis pas prêt de tirer un trait.
Verb/Public
Photos Will Part en Live!, auteur de l’article…