Denis Frajerman a débuté comme compositeur dans le groupe expérimental français Palo Alto, à l’âge de 20 ans. Déjà ça, ça vous situe le gaillard. Je passe pour la suite, il va de soi que l’homme « erre » et cette performance enfantée avec la batterie de Loïc Schild et le piano de Marc Sarrazy nous emmène dans ses sphères rarement défrichées. Déclinés en deux longues parties, leurs Paysages Du Temps frémissent, se parent d’ombre, s’étirent dans le noir et façonnent un genre novateur. Part 1 vibre, se saccade, dépayse sans qu’on sache quelle en sera la destination. Il « cloche », s’orage sans trop de heurts, et Frajerman entouré de « chercheurs » parfaitement adaptés à sa démarche s’en va dans l’ailleurs. La batterie peut virer, on s’en ravira, au vacarme bridé, souple et remuant. L’épopée est de taille.
Sur son second volet Paysages du Temps ne fascinera pas moins, laissant des vents contraires et sonorités d’élégance, également déviantes en d’autres instants, orner les vingt minutes de trip. Des volutes s’y vissent, la noirceur classieuse du tout ne peut laisser de marbre celui qui averti, quête sans cesse audace et fuite des normes. Bien nommé, Paysages Du Temps suspend…le temps, attrape l’amateur et exerce dans la constance une troublante attirance.